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              LA FAMINE DE 1709, DANS LE BEAUJOLAIS                 365

 toute la Communauté, (1) ce qui fut faict à l'unanimité, le 1" avril,
 par l'assemblée générale des habitants. »
    Pendant que les principaux bourgeois de Villerranche emploient
 leur crédit, se remuent pour assurer la subsistance de tous, les
 habitants de la campagne, souffrant d'une égale misère, sans res-
 sources, sans appui, meurent de faim. Ils assiègent les portes de la
 ville, et tâchent d'y pénétrer par ruse, afin d'avoir part aux secours.
 On craignit même une attaque de vive force, le pillage, et des
 mesures furent prises pour mettre la ville en état de défense.
    Dans l'assemblée tenue, le 14 avril, par tous les officiers et
 magistrats, au sujet des blés que Ton devait acheter en Bourgogne,
le Maire proposa que, « pour prévenir les insultes et violences que
 la mutinerie des paysans pouvoit causer dans la ville, il estoit néces-
 saire, à l'exemple des autres villes des provinces voisines, de mettre
 des gardes aux portes de la ville, pour en assurer le repos et la tran-
 quillité, autant qu'il serait possible dans l'état malheureux où elle
 est réduite. Tous unanimement ont arresté et résolu qu'on feroit
chasque jour une garde à troys portes de la ville, sçavoir : celles
appelées d'Anse, de Belleville et des Frères, celle des Fayettes
estant toujours fermée; que la garde sera plus forte en nombre les
jours de lundy que les aultres jours, à cause du marché qui se tient
ce jour-là. » (2)
    Les paroisses des montagnes souffrent d'une misère plus horrible
encore. D'après des renseignements authentiques puisés dans les
registres paroissiaux de Thizy et de Mardore, « on mange les chiens,
les chats, du pain de racines de fougère           On vole la nuit et le
jour sur les routes. On enlève le bétail. On pille tout       La morta-
lité est énorme et dix fois plus forte qu'en temps normal. » Le prix
de la plupart des denrées était le quadruple du prix ordinaire, et
encore s'en procurait-on difficilement argent comptant. Dans tout le
pays, l'année 1709 est appelée « l'année chère, l'année cruelle. » (3)
  (1) Archives communales, B B 8.
  (2) Archives communales, BB 8.
 (3) Voyage dans le Haut-Beaujolais, par M. de LA ROCHETTE, curé de Notre-
Dame de Thizy. In-i 2.