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342 LA REVUE LYONNAISE créations. Pour nous, la question est de savoir si ce goût sera long- temps notre monopole, si, au contraire, les nations étrangères, nos rivales, ne marchent pas rapidement à la conquête de cette toison d'or, sinon pour nous l'enlever, du moins pour la partager avec nous. » DeLaborde traça d'une plume hardie le vaste programme d'en- seignement qui a fait de son rapport le précieux ouvrage qui a pé- nétré partout. « Les vertes algues qui vinrent flotter au devant de Christophe Colomb, ces précurseurs infaillibles de sa conquête, qui illuminèrent sa face et laissèrent ses compagnons dans l'abattement, n'avaient point une signification plus positive que les symptômes de l'union des arts et de l'industrie qui s'élèvent de toutes parts, quoiqu'ils ne frappent pas tous les esprits à la fois.... « La France est artiste. Elle l'est par instinct naturel, elle l'est plus encore par cette grande éducation de bon goût et de noble élégance qu'elle doit à ses rois dans une succession non interrompue de quatorze siècles ; mais, depuis près de soixante ans, les arts, le goût, les manières, ont reçu en France un rude échec, et présentent des symptômes d'affaiblissement d'autant plus menaçants que les nations rivales, ayant compris tout ce que nous devions à une pro- tection libérale, s'efforcent de créer chez elles ces encouragements et de faire mieux en faisant de même. De là une concurrence terrible qui s'élève de tous côtés. Comment lutter pour maintenir notre suprématie, incontestable encore sur tous les points ? Par une régé- nération de l'enseignement des arts, par le maintien du goût public, par des garanties qui viennent se substituer à celles qu'offrait l'an- cienne organisation des corps de métier « On ne peut méconnaître la voix qui nous commande de porter dans les masses, avec le bien-être matériel, les jouissances élevées de l'intelligence. Ouvrir l'esprit, former le goût de la nation, c'est donner à chacun sans bourse délier « Prenez-y garde, il y va de notre renom dans le monde et de