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LA BIBLIOTHÈQUE DE LA PRIMATIALE DE LYON 299 Vimy, qu'il nomma Neufville, et dont la Terreur fit Marat-sur- Saône. Il y recevait les rois, les princes et les plus grands seigneurs. Il passait aussi une partie de la belle saison dans son château de Montanay, et la chasse à coure prenait une grande partie de ses journées. Camille de Neufville s'occupa donc peu lui-même de sa biblio- thèque, et il en laissa le soin à un frère du célèbre P. de La Chaise, le confesseur de Louis XIV. Ils étaient très liés, et La Chaise passa une grande partie de sa vie à Lyon. « C'est luy, » nous dit le P. Ménestrier, dans son « Espistre dédicatoire » de l'Introduction à la lecture de l'histoire, « qui avait pris soin de dresser la bibliothèque de l'archevêque, et de la remplir des livres les plus rares et les plus curieux. » M. de La Chaise remplissait auprès de Camille de Neufville la charge d'écuyer. ( i ) I l était, en outre, sénéchal de Lyon. Plus tard, d'après Saint-Simon (xm-64), le roi l'appela auprès de lui comme capitaine de sa porte. Mais en quoi a consisté réellement la riche bibliothèque de l'ar- chevêque Camille de Neufville ? Nos historiens, comme on l'a déjà dit plus haut, ont tous varié sur son importance et sa valeur vénale, depuis le P. Jacob jusqu'à Monfalcon, et cette question serait restée peut-être insoluble, sans la trouvaille fortuite que j'ai eu la bonne fortune de faire, dans les archives de la Cour d'appel de Lyon, d'un registre in-folio de 158 pages écrites d'une belle main et sur papier timbré, intitulé : « Inventaire et estimation des livres de la (1) Camille de Neufville avait une garde particulière.. On lit dans son testament : « Je lègue au sieur de Valorge, à présent capitaine de mes gardes, 3,000 livres ; au sieur de Coze, lieutenant de mes gardes, 1,500 livres. » M. de La Chaise avait été remplacé comme écuyer par M. Latapie, qui fut aussi l'objet d'un legs de 1,500 livres. Un sieur Poirand fut le secrétaire particulier de l'archevêque, ainsi qu'un sieur Bertholon. Camille de Neufville avait trois valets de chambre, de nombreux laquais, un argentier, un sommelier, plusieurs piqueurs, des valets de chiens et de limiers, un maître d'hôtel, qui resta quarante-neuf ans attaché à son service, un autre serviteur qu'il garda 59 ans. Toute sa nombreuse maison fut l'objet de ses libéralités par son testament.