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LA BIBLIOTHÈQUE DE LA PRIMATIALE DE LYON 297 pierre, et élevée sur de belles voûtes qui bordaient son palais le long de la Saône. » ( i ) Ces voûtes furent démolies, lorsqu'on construisit le pont Tilsitt pour remplacer le pont de bois qu'une inondation avait renversé. (2) Le P. Guichenon avait cité cette galerie dans les termes suivants : « J'ay oublié, dans le précédent livre, que l'archevêché doict à Camille de Neufville l'état où il est présentement, lequel n'est pas différent de celuy qu'il dut, le siècle passé, à l'éminentissime car- dinal Charles de Bourbon. Il a fait rétablir cette belle salle qu'on trouve à son entrée, et où il donnait ses ordres, et il y a adjousté cette grande galerie qui règne depuis une de ses tours jusqu'à l'ex- trémité du pont de Bellecour, laquelle il embellit d'une bibliothèque qui a été estimée, après sa mort, plus de 80,000 livres. » L'archevêque Camille de Neufville, en créant sa bibliothèque, a-t-il obéi à un goût prononcé pour les livres ? Était-il un biblio- phile ? ou n'a-t-il pas seulement, en colligeant tant de belles éditions, suivi la mode de son époque, mode qui fit naître alors, à Lyon, tant de belles bibliothèques particulières, au même moment où les Pères Jésuites donnaient le plus grand développement à la leur, qui n'était cependant pas encore publique. Je voudrais pouvoir croire qu'il fut un lettré, se plaisant au milieu de ses livres, les lisant, les utilisant pour ses travaux scientifiques, et vivant dans sa « librairie (1) Le quai ne fut construit que plus tard. En juin 1802, on fit une brèche dans la berge de la Saône, devant le chevet de Saint-Jean, pour y décharger les boiseries du chœur de l'abbaye de Cluny, achetées par la ville et par l'Etat pour remeubler la cathédrale qui avait été entièrement saccagée et transformée en temple de la Raison. Ces belles boiseries furent transportées de Cluny à Mâcon sur cinquante-trois voitures, et de Mâcon à Lyon dans deux bateaux ou péniche?. Ce transport coûta 3,092 fr. 15 c. Le déchargement dura sept jours. Le Chapitre a revendu depuis lors ces boiseries. (Voir Les stalles et les boiseries de la cathédrale de Lyon, par Léopold NIEPCE, conseiller à la Cour d'appel de Lyon. — La Revue lyonnaise, t. I, pp. 27 et 126.) (2) Avant le siège de Lyon, les bandes de jacobins qui pillèrent, sous les yeux de l'autorité, tous nos monuments religieux, allèrent jusqu'à enlever les ferrures de ce pont de bois, et, après la prise de Lyon, ils accusèrent de ce vol les Lyon- nais insurgés contre la Convention. (Voir les Tablettes de Péricaud.)