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246                      LA REVUE LYONNAISE

par des fêtes continuelles et dans l'ivresse. Un jour, après un festin,
il conduisait une folle danse avec ses compagnons de plaisir. Un
moine mendiant se présenta. Il demandait une aumône. Un gentil-
homme l'obligea à danser aux éclats de rire de l'assistance. Lorsque
le pauvre homme fut hors d'haleine, l'électeur lui fit remettre un
thaler, et le congédia.
   Le pape, informé de ce qui se passait, ne pouvait demeurer
inactif. Toutefois, avant d'user de rigueur, il écrivit à Gebhard
(17 décembre 1582), pour lui faire part des bruits répandus sur son
compte et l'engager à se justifier. Vers le même temps, l'empereur
Rodolphe II le fit avertir, de son côté, des suites que pourrait avoir
sa conduite.
   Gebhard, de plus en plus aveuglé, crut se justifier, en publiant
(19 décembre 1582) un mandement, dans lequel il déclarait que,
délivré des erreurs de la papauté, il accordait à ses sujets la libre
profession de la vraie doctrine, et en répondant au pape que, l'Église
de Rome s'étant éloignée de la doctrine des apôtres, il n'était pas lié
par son serment de fidélité. Il finissait en adjurant le pape de faire
cesser les abus du clergé et de permettre le mariage des prêtres.
   L'empereur essaya aussi de le retenir, en lui demandant de faire
connaître ses desseins. Gebhard lui répondit en publiant un édit par
lequel il annonçait publiquement qu'il se séparait de l'Église romaine,
qu'il accordait à ses sujets la liberté de conscience, et qu'en se ma-
riant il ne se proposait aucun avantage privé (16 janvier 1583).
Quelques jours après, le 2 février 1583, il fit bénir solennellement
son mariage avec Agnès, à Bonn, par le ministre calviniste Zacharie
Ursinus (1) Il chargea, en outre, du soin de le défendre un calvi-
niste déclaré, le comte palatin Jean-Casimir, frère de l'électeur pala-
tin Louis. Il rompait ainsi, non seulement avec les catholiques,
mais encore avec les luthériens, spécialement avec les électeurs de
Saxe, de Brandebourg et du Palatinat, qui étaient bien décidés
à ne pas soutenir un souverain calviniste. L'électeur Auguste de



  (1) Barthold, 42. — Hennés (47) le nomme : Pantaleon candidus.