page suivante »
HELIOPOLIS Tout à coup, allongeant sa patte redoutable, Comme pour son repos il s'étend sur le sable, Son œil glauque se vitre, il râle sur le flanc... Peuple qui perd sa foi, lion qui perd son sang ! Idéal ! idéal ! c'est toi la grande force ! Quand le chêne aux bourgeons ouvre sa rude écorce, C'est le printemps; ainsi ton pouvoir se connaît Au triomphe du Bien dont le culte renaît. La charité remplit sa mission bénie. Tu révèles des pleurs la douceur infinie. Tu transfigures tout dans un rayonnement. L'art reçoit de toi seul Tâme et le sentiment; Et, lorsque le génie étonne la pensée, On sent que ta vertu dans son œuvre est passée. Tu réveilles en nous Vespoir mystérieux Qui console la terre en lui montrant les deux; Tu fais braver la mort; tu nous aides a vivre, Et de Vamour de soi ton amour nous délivre. Tout meurt par Vègoïsme et prospère par toi ! L'apôtre qui s'exile et, pour prêcher sa foi, D'un cœur tranquille et doux affronte le supplice, Le soldat de sa vie offrant le sacrifice, Le savant qui s'expose aux fléaux meurtriers : De ta vigne, Idéal! tels sont les ouvriers. Quel invincible attrait, quels intérêts suprêmes Leur font trouver un charme à s'oublier eux-mêmes ? N'est-ce pas toi, soleil du céleste horizon, Qui des beaux dêvoûmenis fais lever la moisson?