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2l8 LA REVUE LYONNAISE Selon l'opinion commune, Avenacum est tiré du mot latin avenu, avoine. Pierre Louvet, historiographe de la principauté des Dombes, au xvn e siècle, le dit positivement dans une note statistique ainsi conçue : « Blé, pauvre pays, presque tout d'avoine, dont il a pris le nom : Avenacum, de avenu. Feux, 67. » Le sol de la localité convient, en effet, merveilleusement à la cul- ture de l'avoine; et, de fait, l'avoine s'y récoltait sur une grande échelle. On en a la preuve dans le Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, lequel mentionne plus d'une fois ce produit comme l'une des ressources du Chapitre à Avenas. Avenas semblerait avoir été le grenier d'abondance du connétable des sires de Beaujeu, c'est-à - dire, du grand dignitaire préposé au soin de leurs écuries et de leur cavalerie. Ainsi, on lit, dans la charte 586 e de l'an 1117, par laquelle Gui- chard III, sire de Beaujeu, et son frère, Hugues, qui était abbé, ren- dent ou confirment en la possession du Chapitre de Saint-Vincent toutes ses anciennes propriétés d'Avenas, les paroles qui suivent : « Retinente Bernardo archidiacono totam ipsam partem avena; quam Dominus Hugo Bellijocensis ibi habebat, quaa antequam in vadimonium poneretur eam intègre Bernardo dederat et concesse-- rat. » Je soupçonne qu'au lieu de retinente, il faudrait peut-être lire : rémittente. On lit dans le Glossarium spécial qui termine le tome IVe du Gal- lia Christiana, col. 290, que, dans la Bresse et le Lyonnais, on don- nait volontiers le nom à 'avmaria, avoinerie, aux lieux qui produi- saient de l'avoine et même du seigle et du froment : « Avenaria, locus ubi crescunt avenas et interdum frumentum et siligo, in Bres- cia prassertim et in partibus Lugdunensibus. » Je suis donc loin de dédaigner cette étymologie tirée de l'ordre purement matériel. F. CUCHERAT. (A suivre.}