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           LA « SEMAINE » DE CHRISTOPHLE DE GAMON                   l8t

récompenser les élus, il faut admettre un lieu de tortures pour punir
les réprouvés. Il nous fait enfin, en se fondant sur l'Ecriture,
l'effroyable peinture que voici de ce lieu de châtiments :

           . . . . L'enfer est un abysme terrible,
           Où le plus doux refuge est plein d'un pleur horrible,
           Où la peine est sans fin, la douleur sans confort,
           Où la vie est sans vie, immortelle la mort,
           Où n'y a membre aucun qui sa gesne ne sente,
           Ny jointure qui n'ait sa pointure cuizante,
           Où les ris sont des cris, les faveurs des fureurs,
           Où le corps vit mourant, l'âme plonge en malheurs,
           Où l'âme sent sa coulpe, où le corps sent sa peine,
           Où tous deux n'ont d'humain qu'une essence inhumaine
           Pire que le non estre, et n'ont aucun espoir.

   Le poète admet que Dieu donne parfois la clé des champs aux
démons, pour manifester sa puissance. Mais il y a aussi sur la terre
les bons anges chargés de combattre l'action des démons. Après de
nombreux exemples de l'intervention des bons anges, tirés de l'Ecri-
ture, Gamon voit une nouvelle preuve de leur influence bienfaisante
dans l'heureux changement qui s'est produit en France, depuis l'avè-
nement d'Henri IV.

            Les anges sont campez pour les bons conserver,
            Et des roys vertueux les sceptres préserver.
            O France, tu l'as veu, quand au branle funeste
            De ton penchant Estât, par leur ayde céleste,
            Ton roy, ton grand pilote, opoza, courageux,
            Sa prompte rézistance aux flots plus orageux ;
            Et, bien que tes enfants, infidèles forçaires,
            Quittassent du devoir les rames salutaires,
            Il vainquit la tempeste, ainsi qu'un haut rocher
            Qu'on voit, se forjetant, sur la mer se pencher,
            Qui des ondes se joue, et, méprizant la rage
            Des flots d'escume afreux, rompt la vague et l'orage.
            Tu l'as veu, tu l'as veu, quand d'Arqués et d'Ivry
            L'Alexandre chrétien, l'invincible Henry,
            L'astre du ciel françois tout rayonnant de gloire
            Au milieu des hazards emporta la victoire. .