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SONNETS 155
III
SUR LA BERGE
Pourquoi, Rhône, mugir si fort ?
A quoi bon, fleuve atrabilaire,
Battre ainsi ce pont séculaire,
Immuable comme le sort ?
J'ai beau dire; en son fol effort
Le vieux dieu semble se complaire;
Aussi je m'assieds sur le bord
Et je contemple sa colère.
Ce flot, cabré comme un cheval,
0 rêveur, c'est ton idéal :
D'un bond tu peux saisir sa croupe.
L'eau jaune aux volutes sans fin,
C'est la paix, c'est l'oubli divin.
Cœur altéré, remplis ta coupe.
Th. DOUCET.