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I2é LA REVUE LYONNAISE Cependant le blé mûrit, on le moissonne. N'entendez-vous pas le bruit cadencé des fléaux qui le battent dans l'air? Le marchement réglé des chevaux qui vont l'amble Ressemble aux coups égaux que font en l'aire ensemble Les bateurs qu'on escoute ore à coups tricotans, Coste à coste accordez, quatre à quatre batans. A propos de l'automne, le poète décrit les vendanges, il nous fait entrer dans les vergers, et dépeint tous les arbres qui donnent libéra- lement leurs fruits à l'homme. Une remarque qui vient naturellement à l'esprit, à la lecture de ces descriptions, c'est qu'elles s'appliquent complètement à nos contrées, qu'elles en reproduisent exactement les travaux et les productions, et qu'elles suffiraient à elles seules pour déterminer le pays où l'auteur a passé tout au moins ses pre- mières années. C'est toy, douce saison, qui fais assaisonner Les fruicts qu'encor l'Esté meurs ne nous peut donner : £t des fruictiers hochez sur la terre tu verses La pomme enluminée et les poires diverses. Le fruict brusque et flambant des vermeils grenadiers Ores par toy remplit les ventres des paniers : Et d'un goust aigre-doux ses graines rougissantes Sont pour toute l'année au malade plaisantes. Le pin aiguise un fruict d'escailles revestu, Et l'ample çhasteignier hérisse un fruict pointu. Tu fais sur les cormiers paroistre l'âpre corme Et aux neffliers un fruict à la mi-ronde forme. J'oy des embastonnez qui abattent des noix, Et le noyer en rend une plaintive voix ! Autres sont empressez aux noires olivettes, D'abastre et d'amasser les olives noirettes. La terre en est couverte, ainsy qu'on voit les chams Quand la gresle a dardé ses boulets craquetants. L'un renversé fait choir les olives sacrées, L'autre courbé les serre à belles panarées. !