Revue lyonnaise » n°10 ( 1885 ) » pp.106

IOé                      LA REVUE LYONNAISE

qu'ancien. La solitude lui pesait. Il avait vingt-huit ans, et son âme
tendre cherchait un bonheur que la gloire, à elle seule, ne pouvait
lui donner. Une jeune fille intelligente et délicate, aimant les arts,
ayant le goût des grandes et belles choses, appartenant au meilleur
monde et dont la famille jouissait d'une haute notoriété, Mlle Caro-
line Belmont-Terret, que sa fortune présentait comme un parti bril-
lant, n'hésita point à unir son sort au jeune artiste qui n'avait que
son pinceau. Mais la famille Belmont, de l'avis, cette fois, de la
jeune fiancée, trouva qu'une vie sans tache, qu'un haut caractère,
une bonté profonde et un talent hors ligne étaient, de leur côté, une
dot qui n'était point à dédaigner. Elle s'ouvrit au brillant artiste. En
1837, le mariage eut lieu, et jamais union ne fut contractée sous des
auspices plus heureux.
   Ce n'est un secret pour personne que Mme Saint-Jean exerça la
plus grande influence sur le talent de son mari, et que ses conseils,
ses encouragements, ses soins marquèrent une phase nouvelle dans
la vie du peintre que Paris nous enviait.


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   En 1841, Saint-Jean exposa le Vase de Médicis, qui fit faire un pas
immense à sa réputation, et lui valut, pour la seconde fois, une
médaille de seconde classe. Après l'exposition, l'heureux couple fit
un voyage en Hollande pour visiter les riches collections de ce beau
pays. Les œuvres puissantes des maîtres hollandais ouvrirent de
nouveaux horizons au peintre lyonnais, qui revint transfiguré de
son voyage. Inutile de dire si le grand artiste avait été accueilli par-
tout avec enthousiasme et bonheur.
   En 1842, d'un pinceau magistral et qui montrait des idées nou-
velles, il acheva le Christ aux emblèmes eucharistiques, si' beau de
composition, si admirable comme coloris et dont les fruits, les
fleurs et les épis resteront comme des modèles. En même temps,
il donna, comme pendant, la Vierge entourée de fleurs, appelée parfois
l'Offrande à la Vierge. Ces deux toiles lui valurent la croix de la
Légion d'honneur.