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 36                        LA REVUE LYONNAISE

   Il est à remarquer que, dans ce compte, no figure aucune pièce
d'argenterie, mais nous avons vu, déjà, que cette argenterie du
trésor avait été remise au Consulat, après inventaire, par le comte
de Sault, dès après la prise de Lyon. Une partie avait été sauvée
aussi par les chanoines.
   Le linge personnel1 des chanoines-comtes de Lyon, fut aussi
enlevé de leurs habitations saccagées ou démolies, et porté sur l'in-
ventaire. Ainsi, on y voit figurer 146 chemises2, 80 couvre-chefs,
100 nappes, 12 oreillers de damas et de velours. Tout en sacca-
geant le cloîlre de Saint-Jean, les protestants tinrent à invento-
rier les objets d'or et d'argent du Trésor.
   Cet inventaire fut dressé dans la maison d'un protestant, le
sieur de Gabiano, où le Trésor paraît avoir été transporté dès le
premier jour du pillage de Saint-Jean. On lit, en effet, dans les
Registres Capitulaires(liv•. LVII, f° 293), sous la date du 11 juil-
let 1572 : La veuve de Jean Croppet rend au Chapitre un doigt de
saint Etienne, et un os du bras de saint Vincent retirés par son
mari, en 1562, temps des premiers troubles, lorsque ceux de la
nouvelle religion lui faisaient faire inventaire3, comme greffier

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      Ce linge fut distribué aux ministres protestants qui en manquaient probablement.
 Ils se nommaient Pagezy Michael, Du Tour, Vassay, Virot, Ponttins, Salis, Payen.
    Parmi les objets enlevés aux Trésors des trois églises se trouvaient égalemeut
 des tentures de soie et des tapisseries; ainsi on trouve dans le compte du sieur de
 Rocheblanc la mention de treize grandes tapisseries, de deux tapis de Turquie et d'un
 autre tapis vendus à un S. Jehan Grenier. .
    Le Chapitre recouvra une partie de ces tapisseries. En 1589, il en fit faire une
 neuve pour la placer autour du chœur et la paya 150 écus à Joseph Puy. (Reg. cap.
liv. LXIII, f. 3.) En 1661 on la répara et on paya 600 livres à Sébastien Bostois
pour sa restauration. (Idem.)
   • Ce linge était probablement malpropre, car !•'. de Rocheblanc « donna deux che-
mises à la femme qui a blanchy le linge. » Trois mantils furent employés « pour
faire la Cène de la Pentecoste. »
   3
      II ressort cependant d'un passage d'une délibération du Chapitre, sous la date du
10 juillet 1555, que ce furent les protestants qui procédèrent à cet inventaire. « M. le
Doyen dit que lorsque l'Eglise fut saisie par les hérétiques et rebelles à Sa Majesté
en l'année 15J2, les échevins de la ville qui étaient hérétiques eux-mêmes, pour
couvrir leur malice firent semblant de faire inventaire de tous joyaux, titres
terriers et autres biens de ladite église — qu'il seroit besoin de scavoir ce que sont
devenus lesdits joyaux et ornements — d'avoir une expédition du dit inventaire, ce
qui est ordonné par le Chapitre à l'effet de se pourvoir pour la restitution de ce qui
se Irouve entre les mains des dits échevins. » (Liv. LIV, f. 83.)
   Toutefois il est certain qu'on dressa un inventaire après la prise du cloître; le
comte de Sault,gouverneur de Lyon et réfugié dans le cloître Saint-Jean,manda au