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                       LA BOUCLE D'OR                      381

sœur, d'accepter cette situation et de vivre sans autre titre ;
elle ne se doutait pas, elle toute innocente et toute bonne,
que la malignité s'en fût donnée plus encore sur leur
compte !
   Cependant Jean, pour détendre une situation pénible, et
aussi dans l'idée de préparer la voie au déplacement qu'il
méditait, s'engagea pour aller monter un tissage en Au-
triche. La Garite devait lui écrire tous les quinze jours.
   Elle tint fidèlement parole. Mais, au bout de six mois,
la lettre accoutumée arriva, signée de Mme Bonin qui disait
sa fille un peu souffrante. Dans une lettre suivante, la mère
avouait que l'indisposition était la suite d'une seconde
crise et que le médecin laissait peu d'espoir. Jean fit sans
retard ses préparatifs pour se rendre à Lyon; mais le télé-
graphe qui commençait à fonctionner de pays à pays, lui
apporta la nouvelle fatale.
  Sa fiancée était morte, avec son nom sur les lèvres, lui
demandant de garder toujours, en mémoire d'elle, sa petite
boucle d'oreille d'enfant trouvé.


                              *



   A ce point de son récit, Jean n'avait pu retenir une
larme. J'étais moi-même fort ému, et ce fut avec un vif
sentiment de sympathie que je serrai la main de mon com-
pagnon.
   Nous étions arrivés à Saint-Germain-des-Fossés : Jean
Michel se rendait à Vichy et moi je continuais sur Bourges.
Avant de nous séparer, en nous promenant sur le trottoir
de la gare, je lui demandai, ayant soin d'entourer ma ques-