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                        SUR LA MUSIQUE                        141

appliqué spécialement à être correct en cela. Dalayrac, Mé-
hul, Boïeldieu n'offrent pas de ces rencontres choquantes,
et bien mieux, Rossini, un étranger, mais un génie musical
et un homme d'esprit, Rossini a respecté les lois de la pro-
sodie française dans l'opéra français de Guillaume Tell,
piètres paroles cependant, et dans le Comte Ory, perle digne
de Mozart, arrangée par lui-même sur le libretto français.
Des traductions faites par d'autres, n'en parlons pas. Le
Barbier, la Gazza, Sémiramide, Othello perdent beaucoup au
changement d'idiome. Exemple encore : comparez donc
l'air de Figaro : largo al factotum délia citta, avec le français :
place au factotum de la ville, et surtout la phrase rapide de
la Cabaletle, et le non piu audrai farfalonne des Noces de
Figaro, avec la traduction : Mon ami suis le Dieu qui t'ap-
pelle. O Mozart! quel coup de massue! Traduttore, tra-
ditore.



                              VI


   En admettant que la musique ne soit qu'un art d'imita-
tion, que son but soit de daguerréotyper les mille bruits de
la nature, de s'attacher à la reproduction des effets sonores
plutôt qu'à la poésie des passions, et aux mystérieuses
harmonies de l'âme, l'auteur du Désert est sans aucun
doute un compositeur remarquable. Il a érigé en système
ce qui n'était qu'une exception chez les autres, et, avec la
science d'instrumentation qu'il possède, le travail qu'il a
dû faire sur les timbres des instruments et leurs combinai-
sons, il devait mieux que personne réussir dans ce côté de
l'art musical. Mais on se demande si c'est bien là le crité-