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                              BIBLIOGRAPHIE                                 69

traduction à l'étude historique du droit coutumier français jusqu'à la rédaction
officielle des coutumes. Cette Introduction qui nous fait assister à l'éclosion
et à la lente évolution de notre droit national au milieu des lois bar-
bares et du régime féodal, fut prompteraent suivie d'un deuxième
volume, où l'auteur, pénétrant plus intimement dans l'étude des insti-
tutions coutumières, examine à fond et avec une lumineuse précision la
Condition des personnes en France durant les quatre derniers siècles.
A cette étude succède aujourd'hui la Condition des biens, c'est-à-dire
l'examen du régime complexe de la propriété pendant la même période,
avec l'exposé de notre histoire économique dans les quatre ou cinq
siècles qui ont précédé l'époque actuelle.
   C'était là une tâche considérable et fort compliquée ; mais, tout en
donnant à son oeuvre les développements qu'elle comporte, M. Beaune
l'a envisagée de haut et dans son ensemble, évitant soigneusement
l'écueil des controverses stériles sur de menus détails sans intérêt doc-
trinal ni pratique. « Ce qui importe aux jurisconsultes modernes, dit-il
excellemment, c'est moins de commenter le texte des coutumes que
d'eu découvrir la genèse, d'en saisir la pensée maîtresse, les traits ori-
ginaux, et de suivre pas à pas, à travers les âges, le lit creusé par le
courant des moeurs dont ces lois locales étaient la vive et fidèle expres-
sion. On ne saurait autrement préparer ou mettre en oeuvre les maté-
riaux d'une histoire du droit français. »
   Dans son nouvel écrit, comme dans les précédents, Fauteur est resté
fidèle à cette féconde méthode. Indiquons rapidement les caractères
principaux de ce livre.
    Après avoir exposé la distinction des biens considérés dans leur objet,
 d'après le droit coutumier (immeubles, meubles, cateux ou catels),
 l'éminent publiciste envisage les biens dans la personne de ceux qui les
 possèdent. En premier lieu, nous rencontrons le domaine royal dont
les éléments et le mode d'administration sont mis en relief dans une
exposition large et synthétique, qui atteste une profonde connaissance
du sujet. Puis vient le domaine des communautés : communautés
civiles avec la mark germanique, les manses, l'indivision féodale, les
biens communaux ; — communautés religieuses, séculières ou régu-
lières, avec la mainmorte et les édits restrictifs qui se sont succédé
jusqu'à l'édit de 1749. Sur tous ces points, l'auteur tire du droit et de
l'histoire de notre passé plus d'une leçon de haute philosophie sociale
applicable à notre état présent.