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382                   LA BOUCLE D'OR

tion de toutes les réserves que commandait la discrétion et
le respect dû à un cœur ainsi éprouvé : « Vous vous êtes
marié plus tard, m'avez-vous dit ?
    — « J'étais revenu me fixer à la Croix-Rousse, répondit
Jean. M. et Mme Bonin m'accueillaient comme un fils, et,
plusieurs fois, ils voulurent eux-mêmes me marier ; mais,
pendant de longues années, je me refusai à toute proposi-
tion. D'ailleurs, une fille de cœur à qui j'aurais révélé tout
ce qu'il y avait au fond de mon âme, n'aurait jamais voulu
de moi pour mari.
    « Cependant, je m'étais établi chef d'atelier, et on me
répétait qu'il n'est pas convenable qu'un patron, exposé
à employer chez lui des personnes de tout sexe, reste
garçon. Ma Garite était morte depuis plus de six ans. La
sœur de M. Jauffrey, celle dont le mariage m'avait fourni
l'occasion de ma première déclaration, avait perdu son
mari. D'un an plus âgée que moi, veuve, sans avances,
chargée de trois enfants, il me parut que, si je devais re-
noncer au célibat, je ne pouvais mieux choisir : Garite,
 quand je la rejoindrais là-haut, bien loin de me reprocher
ce mariage comme une infidélité, me le compterait comme
une bonne action.
    « Je me suis donc marié et je n'ai rien à regretter. Le
ciel nous a donné une jolie fillette que, d'un commun ac-
cord, nous avons appelée Marguerite. Elle vient de faire sa
 première communion, et, serait-ce une illusion de ma part?
 je trouve parfois que Garite Michel ressemble à l'autre. »

                                       MONSIEUR JOSSE.


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