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                          DE SAINT PAUL A LYON.                                469
ses conjectures ; je ne le ferai pas ; au contraire, je veux expliquer pour-
quoi il donne cette date. Jean Germain, évêque de Chalon, ayant écrit que
saint Pothin vint à Lyon au cdmmencement du règne de Trajan, les auteurs
qui l'ont copie sans critique, prirent ce mot à la lettre et s'en tinrent à
l'an 98, qui est la première année de l'empire de ce prince. Ils ne remar-
quèrent pas, ces braves copistes, qu'à cette époque le vénérable pontife
n'avait encore que onze ans (1), ce qui, pour un missionnaire, semble un
âge assez insuffisant. Mais M. Peladan ne s'inquiète pas de ces détails ; ce
sont pour lui des « peccadiles » tout comme de confondre Antonin avec
Marc-Aurèle et les 48 martyrs avec les victimes de la prétendue persécu-
tion d'Antonin-lc-Pieux, deux erreurs qu'il avoue, sans en paraître com-
prendre la portée ni les"conséquences.
     Pour ne pas demeurer en reste avec mon vigoureux contradicteur, je répon-
drai à deux objectionsqu'il mepropose quoique en dehors du sujet.il me repro-
che de traduire itapotxtwv par paroisses. Comme je n'ai pas le loisir de plaisanter,
je dois expliquer le passage d'Eusèbe, l'un des plus importants pour l'his-
toire de la Gaule chrétienne et la connaissance des usages de l'Eglise pri-
mitive. Le mot paroisse signifie ici une église, un diocèse, à ne tenir compte
que de l'étendue, mais administré par un prêtre non revêtu de la dignité
épiscopale ; le verbe emoxoivEtv qui suit explique clairement ce fait et oblige
à traduire la phrase littéralement par ces mots : « Le? paroisses des Gaules
dont Irénée était évêque. » La Gaule offrait alors le même aspect que nos
missions étrangères, dont les paroisses sont plus étendues que des provinces
et les diocèses aussi vastes que des empires. Que quelques-uns de ces prê-
tres, disciples de saint Irénée, aient été depuis consacrés, je ne prétends
pas l'examiner, mais ce que je tenais à signaler, c'est que l'établis-
sement de ces églises primitives ne datait que de la seconde moitié du
 II e siècle, et, qu'à un moment donné, saint Irénée avait été le seul évêque
 de toute la Gaule (2).
   L'autre objection de M. Peladan est une méchante querelle, indigne
d'une discussion sérieuse. 11 ne craint pas de dire que par cette phrase :

   (1) Et non de 1 5 à 17 ans, comme le donne à croire M. Peladan (Sem.
relig., p. 199). C'est une question d'arithmétique.
   (2) A propos de ce passage, M. Peladan invoque contre moi l'autorité
du P. de Colouia et de dom Liron. Je ne sais quel est le sentiment de ce
dernier sur le sens de celte phrase de notre premier historien ecclésias-
tique, mais, quant au P. de Colonia, je puis attester qu'il est de mon sen-
timent, et même il allègue ce texte d'Eusèbe en faveur de l'opinion que
je soutien?. (Histoire littéraire de la ville de Lyon, t. I e r , p. 65 et 66).
Mon honorable adversaire semble vraiment avoir entrepris de me fournir
des arguments contre lui.