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ORIGINES DE LUGDUNUM. 427 chargés de la mener dans les régions constellées, palais éclatant de l'immortalité. Chez les Hellènes des premiers âges, cette mission apparte- nait aux Harpyes, littéralement : Celles qui enlèvent (1). Mais ces divinités n'étaient point alors les êtres hideux, abominables, immondes, que les poètes et les mythographes venus après Homère se plaisent à revêtir de couleurs odieuses. Le chantre d'Achille etd'Ulysse fidèle aux traditions primitives, nous représente ces déesses,filles de Thaumas,comme douées d'une jeunesse éternelle et d'une beauté pérenne. Munies d'ailes rapides, habitantes de la haute atmosphère,elles sont, comme les Marouts vé- diques, des personnifications des vents (2). La seule que nomme le vieux Mélésigène, Podargê(S), signifie ; Celle quiades pieds blancs, ou, plus conformément à l'ancienne étymologie grecque et sanscrite: Celle dont les pieds rayonnent, tracent.un sillon de lumière rayon- nante (4). Ainsi, les Thaumantides ont, avec la présidence des tempêtes, la charge d'enlever les âmes, surtout les âmes des mortels qui dis- paraissent inopinément, sans laisser de traces, ou se dévouent eux-mêmes à la mort, dans un but sublime. En un chant de l'Odyssée , Pénélope leur fait enlever les filles de Pandarus. Dans un autre, Télémaque effrayé de la longue absence d'Ulysse, s'écrie : « Aujourd'hui mort sans gloire, les Harpyes l'ont en- levé (5) ! » (1) Gi;. âo-TrâÇu, j'enlève. (2) A. Maury, Hist. des religions de la Grèce antique, t. I, p. 167, 294 et 295. - (3) Iliade, ch. XVI, y'. 150, 59. (4. Qr. ôp-pî, splendens, albore nitens ; sansc. radj., nitescere, radiare. — Pareillement, le latin argentuma son représentant dans le sansc. radjata (le zend eresata). (5) Dans les divers passages où le divin poète fait figurer les Harpyes comme ravisseuses d'âmes, elles portent indifféremment ce nom de Har- pyes et celui de ©ûtXkcu, tempêtes : vûv au •xa.ïiï'a.fa.irnTov âvnipstçavro ©ûeXXsa Odyssée, IV, 727.