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                       POÉSIE.

                 LA LEÇON RUSTIQUE.

Sur le bord d'un ruisseau, dans le mois où les roses
Parfument les sentiers qui mènent aux hameaux,
Avide de fraîcheur, parmi les fleurs écloses,
Un laboureur s'était assis sous les rameaux.

Ayant depuis l'aurore en son champ semé d'orges,
Sous le soleil de juin, sarclé jusqu'à midi,
Il écoutait chanter les joyeux rouges-gorges,
Tout pensif, appuyé sur son bras engourdi.

Il songeait au travail qu'il lui restait à faire,
Faucher l'herbe et le trèfle et soigner les troupeaux :
« Ma tâche, disâit-il, n'est pas petite affaire ;
« Ah ! l'agréable instant que celui du repos !..

«   Qu'il fait bon sous l'abri de ce joli mélèze !
«   Comme l'on est bien, seul, au creux de ce vallon !
«   Quand donc pourrai-je enfin ne travailler qu'à l'aise,
«   Et sans regret, au frais, me coucher tout du long ?

«   Mais l'heure du répit passe vite et s'envole :
«   Ce grillon qui fredonne à l'ombre dans son trou,
«   Cette brave fourmi qui court dans l'herbe molle,
«   Ce papillon qui fuit et revient comme un fou,

«   Sont-ils pas plus heureux qu'un fermier, un pauvre homme
«   Qui, durci par le hâle et vivant au grand'air,
«   Ne dormant que d'un œil, souffre toujours, en somme,
«   La chaleur en été, la froidure en hiver ?
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