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338 SOCIÉTÉ LITTÉRAIRE DE LYON. une satire de haut goût, dont la finesse et la malice nous semblent peut-être avoir été dépassées par la réponse de nos concitoyennes. Si l'attaque avait été cruelle, les représailles n'ont pas été moins sanglantes et la "constatation du suc- cès des Lyonnaises a dû faire penser avec raison à M. de Lubac, que l'auteur de ce double et curieux travail était lui-même un Lyonnais incapable de laisser succomber, dans une pareille lutte, les compatriotes de la Belle-Cordière et de Pernette du Guillet. L'apparition d'un livre dont la triste célébrité et le sinistre succès ont leur explication dans les tendances fatales de notre siècle a inspiré à M. Salvador une vi- goureuse et éloquente critique. Il existe aujourd'hui une école, aux yeux de laquelle l'illustration d'un nom suffit pour excuser et même pour légitimer tous les écarts de l'imagination et tous les dé- lits de l'intelligence. Excentricités de l'esprit et du lan gage , rêveries haineuses de l'orgueil blessé , apologie effrontée des passions les plus égoïstes , calomnies odieuses contre notre ordre social et ses plus précieuses institutions, tout est permis quand on a une fois obtenu ce prestige que le génie sait conquérir mais que le culte fidèle du beau et du vrai peut seul perpétuer. M. Salvador n'appartient point à cette école, et vos applaudissements lui ont prouvé que vous saviez appré- cier comme lui le nouveau manifeste littéraire dont il vous signalait les caractères et la portée. Non, le génie, quelles que soient sa grandeur et sa puissance, est soumis, lui aussi, à des devoirs d'au- tant plus impérieux et sacrés que les yeux de la foule