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276                   INCURSIONS DES ROUTIERS.

en sa route bien trois mille combattants; si s'en vint séjour-
ner à Ause (1) à une lieue de Lyon (2) et le fit fortement ré-
parer et fortifier ; et se tenoient ces gens là environ sur celle
marche où il y a un des gras pays du monde. Si couroienl
et rançonnoienl à leur aise et volonté tout le pays par deçà
la Saône, la comté de Mâcon, l'archevêché de Lyon, la terre
au seigneur de Beaujeu (3) et tout le pays jusqu'à Marcilly
les Nonnains (4) et la comté de Nevers. L'autre partie des
compagnons (5) etplusieurs autres tous d'une sorte et alliance
s'avalèrent devers Avignon et dirent qu'ils iroient voir le pape
et les cardinaux et auroient de leur argent ou ils seroient hé-
riês (6) de grand manière. »
   Froissart raconte ensuite que les Tard-Venus, après avoir
de rechef pris et conquis la ville du Saint-Esprit, traitèrent
avec le Pape et suivirent le marquis de Montferrat, pour faire
la guerre aux Visconti, seigneurs du Milanais (7) ; il ajoute :
   (1) Anse en Beaujolais.
   (2) A quatre lieues.
   (3) Le Beaujolais.
   (4] Marcigny, appelé les Nonnains, parce qu'il y avait un couvent de
nonnes.
   (5) Des Routiers.
    (6) Maltraités.
   (7) Cette même année 1362, Jean, roi de France, s'arrêta à Lyon, en
allant voir le pape à Avignon; il était à Lyon le 11 novembre 1362,
comme en fait foi une charte datée de Lyon, le même jour, par laquelle il
fait savoir aux baillis de Mâcon et d'Auvergne,que Renaud de Forez, cura-
teur de Jean, comte de Forez, lui a fait hommage pour les châteaux de
Monlbrison, Monsupt, la Tour en-Jarez, Moniarcher, Saint-Bonnet, Cer-
vières, Thicrs, que le comte de Forez tenait en fief du roi. — Voyez Inven-
taire des titres du comté de Forez, par M. Auguste Chaverondier, p. 495.
   Le roi Jean se fit sans doute accompagner par une bonne escorte pour
se rendre à Avignon; cependant, à son retour de cette ville, il s'embarqua
sur le Rhône, n'osant pas prendre la voie de terre de peur de tomber entre
les mains des Routiers. — Voyez Mathieu Villani et l'ouvrage de M. Allut,
page 96.