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EXPOSIIION DES AMIS DES ARTS. 239 effroi et écueil de tant de peintres ; elle sait être rugueuse dans les terreins, limpide dans les eaux, et harmonieuse dans les relations énergiques d'un effet puissant. M. Girardon a conquis définitivement la lumière du Midi, la transluci- dité de l'atmosphère des chaudes régions, l'or des fabriques rissolées, les tons gris et fauves des frondaisons brûlées, la rousseur ardente des terreins glabres et calcinés. M. Ponthus-Cinier est toujours le praticien consommé que nous con- naissons. Ce peintre fécond et infatigable ne s'arrête pas dans la voie du progrès. Sa manière élargie en témoigne hautement. M. Allemand est doué d'un grand sentiment poétique qu'il manifeste par une exécution large et magistrale. Arrêtons-nous devant le Champ de blé de M. de Schamphleer (640), pe- tite page délicieuse, d'une sincérité toule vivante, véritable fenêtre ouverte sur la campagne. Nous ne connaissons pas la Syrie ; mais les rapports justes que M. Frère (Théodore) a su exprimer dans la gamme des tons de la palette la plus lu- mineuse nous fait deviner, comprendre et admettre un monde vrai dans un monde inconnu (269), Huines de Balbec. Le même pays, des qualités analogues amènent naturellement sous notre plume le nom de M. Berclière (53), Abreuvoir à Gaza (Syrie). Mentionnons M. Chevallier qui marche à grands pas vers la lumière sans perdre ses qualités harmoniques ; la touche très-habile de M. Viot ; n'ou- blions pas les ébauches très-colorées et très-puissantes de M. Vernay et terminons cetie série par l'éloge du magnifique tableau de M. Van-Moer (693), Arcades de la cathédrale (Spalato, Dalmatie). Ce peintre semble s'être spécialisé dans un genre restreint ; mais comme il l'a su élargir par la puissance magique d'une palette qui aborde de front l'éclat de la lumière solaire même sur les porphyres roses, les mar- bres étincelants des colonnes sur le granit des dalles, sur les murailles frustes? Quelle solidité d'exécution ! comme toutes les valeurs de ce tableau s'échelonnent, dans l'ombre comme dans la lumière, de ces premiers plans vigoureusement écrits à ces parties fuyantes qui n'ont point recours au diffus et au vague pour trouver la place qu'une perspective linéaire irré- prochable leur a assignée. Nos éloges sans restrictions à un magnifique Clair de lune de M. Saal. Parmi les peintres d'animaux nous avons à nommer M. Humbert, brillant et solide ; M. Simon François, sincère et harmonieux.