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                       CHRONIQUE LOCALE.
     Tout sorcier , prophète ou voyant que puisse être M. Matthieu (de la
 Drôme), il n'a certainement pas prévu l'inondation qui envahit notre ville,
 qui monte , s'élève , grossit chaque jour , et à qui personne encore n'a pu
 dire : Tu n'iras pas plus loin / Il ne s'agit ni du Rhône ni de la Saône, bien
 tranquilles l'un et l'autre dans leur lit, mais de cette avalanche de concerts,
 de celte pluie de journaux, de cette cataracte de brochures sous lesquelles
 notre ville est menacée de périr. Desconccris? n'avez-vous pas vu affichés
 sur les murs les noms de MM. Pontet, Gros, Lapret, Laussel, Penavairo,
 Tcn Hâve, Ten Brinck, Nauvclaers, Marchand, Mcycr, Chaunier, de Croze,
 Scliourr.ann, la Fanfare lyonnaise, les jeunes Aveugles, les Cotonniers et
une foule d'autres qui m'échappent ? Eh bien .' croyez que ce n'est pas la
 fin. D'ici au renouveau , d'ici au chant du rossignol qui fera déserter la
 ville, j'en vois poindre mille , parmi lesquels se piélasse le nom de George
 Hainl, dont le programme fera courir la foule, ne doit-on pas être étonné
 que nos murs n'aient pas le sort de ceux de Jéricho?
    El les journaux ? vous connaissez , et vous en êtes fier , le Courrier de
 Lyon, le Salut Public, le Progrès, la Gazette Médicale, le Journal de Méde-
 cine vétérinaire, le Moniteur judiciaire , le Moniteur des Soies, la Revue du
 Lyonnais, le Journal des bons exemples, la France littéraire, le Journal des
jardins et des roses, YEnlr'acte lyonnais, VArgus, la Muse des familles, qui
 propose un prix pour les meilleurs poètes et couronne les plus moraux ; la
 Voix du Bon Pasteur, le Petit Courrier de la semaine, YEclto catholique, Ja
Semaine religieuse, jeune feuille qui grandit avec rapidité, la Province,
journal non politique , élégante protestation contre la centralisation pari-
sienne, mais avez-vous lu ? avez-vous parcouru ? avez-vous aperçu : l'Indus-
triel français , la Feuille d'avis , le Publicateur lyonnais , les Folies lyon-
naises , le Répertoire , feuille commerciale , le Moniteur des annonces , le
Conseiller des familles, le Messager de Lyon, VInstruction de la famille, ou
l'art du dentiste, journal qui se donne et ne se vend jamais, l'Empire, l'Uti-
 lité, publicité lyonnaise, la Fortune pour tous, journal précieux, l'Indicateur
des locations, né dernièrement, mort en naissant, le Gymnase du plain-
chanl, id., le Journal du Commerce, id., VEcho lyonnais, id. ; tout cela vit,
quand cela ne meurt pas, tout cela se lance au soleil en quête des abonnés;
sans compter encore ceux qui ne sont pas nés et qui vont naître : La Vérité,
journal des spiriles, qui doit paraître demain, le Casino, journal des cafés-
concerts, qui s'organise pour la semaine prochaine, le Journal des Jardi-
niers, qui se préparc pour le mois qui vient. Et dira-t-on que Lyon n'est
pas la ville la plus littéraire,du monde ? Athènes avait-elle autant de moyens
de captiver les lecteurs ?
   Enfin, quant aux livres et aux brochures, à travers une montagne de
productions, nous distinguons l'Histoire de la Papauté au XVe siècle, savant
ouvrage de M. l'abbé Christophe, édité avec soin par la maison Bauchu,
YEnvoi des Echos, par Hector Fleury, charmant volume dont le titre n'est
compréhensible que pour ceux qui lisent l'ouvrage, l'Elude historique sur
le Forez, par le vicomte de Meaux, travail consciencieux d'un homme de
talent, la dernière livraison de l'Atlas du département du Rhône, par
M. Debombourg, le Commentaire physiologique sur la personne d'Horace,
par Richard (de Nancy), délicieuse étude sur un grand poète due à une
plume des plus compétentes, les Feuillets de la vie, ouvrage moral, dont
deux éditions ont été immédiatement épuisées ; dans la classe des romans,
le Petit ruban bleu, Nouvelle, par Tolo, le mystérieux auteur du Roman de
Toinette et, à côté de nous, mais nous intéressant aussi, le Nobiliaire de
l'Ain, par M. Jules Baux, dont nous vous rendrons compte une autre fois.
   Notre prochaine livraison nous entretiendra des tableaux de l'Exposition.
Une inscription, découverte aux environs de Lyon, jugée grecque par les
uns, gauloise par les autres et que les débats, ouverts entre les savants, ne
nous ont pas permis de publier aujourd'hui, a retardé le présent numéro
de la Revue. Nous donnerons une planche faite avec soin et une notice sur
cette curieuse découverte dans notre prochaine livraison.          A. V.
                               Aimé VINGTMNIER, Directeur-Gérant.