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LYON AVANT 8 9 . 14b parole pour exhorter l'assemblée à n'écouler que sa cons- cience et à faire de bons choix. Le prévôt des marchands le premier donnait publiquement son suffrage, après lui les échevins, les autres officiers con- sulaires et enfin chacun des électeurs; le secrétaire recevait les votes, dépouillait le scrutin et proclamait le résultat, mais auparavant, il fallait ouvrir une seconde lettre de cachet, par laquelle le roi déclarait s'il s'en remettait ou non pour la no- mination du prévôt des marchands, au choix des électeurs de sa bonne ville de Lyon. Une courte digression est utile ici. Jusqu'en l'année 159k, le consulat avait été composé de douze échevins ; le nombre en fut alors réduit à quatre, avec un chef qui était tout â la fois l'homme du roi et celui de la ville, sous le nom de prévôt des marchands. Bientôt le roi ou pour mieux dire ses officiers voulurent influencer les élec- tions. M. de la Guiche, gouverneur de la province, entreprit de faire nommer, aux élections de l'année 1601, un candidat qui ne réunissait pas les conditions requises par les coutumes lyonnaises; non content de l'intrigue, il recourut à la bruta- lité, força l'entrée de la salle des élections, insulta les échevins et s'emporta jusqu'à menacer le procureur général de la com- mune delui passer son épée au travers du corps. Ce courageux magistrat (1) ne tint pas compte de sa menace, l'assemblée entière se souleva contre le gouverneur et le candidat royal ne fut pas nommé. Celle discussion et d'autres analogues, quoi- que moins violentes, ayant déterminé le roi à se réserver une part dans l'élection, il ordonna de différer l'admission à la charge de prévôt des marchands jusqu'à son approbation qu'il donnerait en faisant lui-même son choix sur la liste des trois candidats ayant réuni le plus grand nombre de suffrages. La ville éluda cette ordonnance en obtenant la presque unanimité (1) Il se nommait Goujon. 10