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parole pour exhorter l'assemblée à n'écouler que sa cons-
cience et à faire de bons choix.
   Le prévôt des marchands le premier donnait publiquement
son suffrage, après lui les échevins, les autres officiers con-
sulaires et enfin chacun des électeurs; le secrétaire recevait
les votes, dépouillait le scrutin et proclamait le résultat, mais
auparavant, il fallait ouvrir une seconde lettre de cachet, par
laquelle le roi déclarait s'il s'en remettait ou non pour la no-
mination du prévôt des marchands, au choix des électeurs de
sa bonne ville de Lyon. Une courte digression est utile ici.
Jusqu'en l'année 159k, le consulat avait été composé de
douze échevins ; le nombre en fut alors réduit à quatre, avec
un chef qui était tout â la fois l'homme du roi et celui de la
ville, sous le nom de prévôt des marchands. Bientôt le roi ou
pour mieux dire ses officiers voulurent influencer les élec-
tions. M. de la Guiche, gouverneur de la province, entreprit
de faire nommer, aux élections de l'année 1601, un candidat
qui ne réunissait pas les conditions requises par les coutumes
lyonnaises; non content de l'intrigue, il recourut à la bruta-
lité, força l'entrée de la salle des élections, insulta les échevins
et s'emporta jusqu'à menacer le procureur général de la com-
 mune delui passer son épée au travers du corps. Ce courageux
 magistrat (1) ne tint pas compte de sa menace, l'assemblée
 entière se souleva contre le gouverneur et le candidat royal ne
 fut pas nommé. Celle discussion et d'autres analogues, quoi-
 que moins violentes, ayant déterminé le roi à se réserver une
 part dans l'élection, il ordonna de différer l'admission à la
 charge de prévôt des marchands jusqu'à son approbation qu'il
 donnerait en faisant lui-même son choix sur la liste des trois
 candidats ayant réuni le plus grand nombre de suffrages. La
 ville éluda cette ordonnance en obtenant la presque unanimité


   (1) Il se nommait Goujon.
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