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106                NOTICE SUR J . - B . DUMAS.

   C'est au même ordre d'idées à peu près que doit être
attribuée la Lettre sur les amours de Boileau. Dumas y dis-
cute un problème de biographie dont je ne veux pas redire
les termes. La lettre est fort piquante. Elle montre, par des
vers de Boileau rapprochés d'explications puisées dans la
chronique de l'époque , que le satirique n'était pas l'homme
rebelle aux inclinations tendres et de glaciale froideur qu'on
a supposé. Et, puisqu'il faut revenir plusieurs fois sur le
penchant qui conduisait Dumas vers des sujets choisis par
une imagination occupée de la féminine partie de notre es-
pèce, ne négligeons pas de dire quels sentiments l'y por-
taient. Il avait voulu venger Boileau de dénigrantes et inju-
rieuses suppositions, parce qu'il lui en eût coûté de ne pas
croire le poète capable d'hommages envers un sexe auquel
appartiennent nos femmes, nos mères, nos sœurs, et sans
lequel, suivant la charmante pensée de Thomas, les deux
extrémités de la vie seraient sans secours et le milieu sans
plaisirs.
   Au surplus, la philosophie de Kant va nous transporter
dans un tout autre monde. Ici, il n'y a plus danger que la
moindre fantaisie de l'esprit se surprenne vers des êtres,
sourire de la création, dont les philosophes ont coutume de
ne pas tenir compte, car on sait que, dans les traités de
philosophie, les femmes sont comme si elles n'existaient
pas. Ecrivain fécond et varié, Dumas savait passer de la litté-
rature légère et facile a celle qui veut de profondes études.
L'analyse qu'il a donnée de la philosophie de Kant paraîtrait
aujourd'hui fort insuffisante, après les bons travaux qui nous
ont plus sûrement initiés à la métaphysique si originale du
professeur de Kœnigsberg. Mais pour en apprécier le mé-
rite, il faut se reporter au temps où notre confrère écrivait,
en 1807 ou 1808. M. Cousin n'avait pas encore publié ses
belles et lumineuses leçons, qui mirent à la portée d'un au-