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                          POESIE.

Vers ce bocage plein de halliers plantureux,
Vers le regain béni que cette source arrose ?

Sans toi s'achèverait, comme il a commencé,
Le cours de mon heureuse et brève destinée,
Et ce souffle de Dieu m'eût doucement menée
Par cet herbage frais sous la faux repoussé,
Par cette ample clairière, enceinte fortunée.

Là, près d'un blanc jasmin, ou d'un récent bouquet
De gentiane bleue au dernier jour fleurie,
Ou d'un brin de thym vert, tapi dans ce bosquet,
Je pouvais m'arrêler avant d'être flétrie,
Vieux méchant ! et finir, exempte de regret,

Dans les brises du soir, odorantes et pures,
Dans le splendide éclat des couchants glorieux,
Dans l'asile amical des fleurs et des verdures,
Dans le divin concert de bruits mystérieux,
De chants d'amour, qui cesse au moment des froidures.— »

En voyant ce discours, le bonhomme sentit
Quel tort il allait faire à la feuille de chêne :
Il ferme d'une main cet album qu'il sortit,
Ouvre l'autre à la brise ; et, libre de sa chaîne,
La joyeuse captive en voltigeant partit.

Sur la feuille tombée, un instant prisonnière,
Maint auteur a glosé : j'en ai commenté deux.
Leur explication n'est pas trop singulière,
La voici, ehers lecteurs : Défies-vous de ceux
Qui clierchent et vous rendre heureux à leur manière.

                                                A. P.