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522 CLÉMENCE ISAURE. doté les concours, ni même pu prouver qu'une famille des Isaures ou Isaurets ait joui des propriétés que l'on disait avoir été léguées par dame Clémence. Ces écrivains ne s'accordent pas même sur la date de sa naissance, et une des dernières biographies publiées par Didot, fait naître cette femme en 1450, bien après la fondation des jeux floraux. Le docteur Poulet a été plus loin ; il essayé de démontrer que Clémence lsaure, loin d'être la fondatrice des jeux floraux, n'a pas même existé; et, il faut bien l'avouer, sa démonstration s'appuie sur des preuves plausibles. Il soutient que Clémence est tout simplement la substitution d'une personnalité à Notre-Dame la vierge Marie , qui, dès le principe, fut la patronne des jeux littéraires de Toulouse. Suivant lui, les honorables citoyens qui fondèrent le collège du Gai Savoir, le firent d'après les idées du temps, empreintes du caractère éminemment catholique qui ca- ractérisait alors l'ancienne capitale du midi, et dans tous ses concours, l'institution ne s'écarta jamais de la direction qu'elle tenait de ses fondateurs. La mère de Dieu fut avouée comme le but constant de ces fêtes poétiques, et les nouveaux troubadours ne cessèrent, tant que les lois d'amour furent maintenues, de célébrer les sublimes vertus de la vierge Marie, et par-dessus tout sa bonté compatissante. Les sujets relatifs à l'amour profane étaient rigoureusement proscrits. C'est de cette disposition des esprits que naquit, vers la fin de cette période, l'habitude de personnifier la Vierge dans le mot heureux de Clémence. Presque à chaque page du recueil des Joies du Gai Savoir, on trouve une invocation à Marie cachée sous une transparente allégorie... La réformation, en pénétrant dans les murs de Toulouse, essaya de dénaturer l'institution du gai collège, mais l'esprit catholique résista , seulement les origines de cette école romane et catholique s'entourèrent d'épaisses ténèbres. Du souvenir vague et confus de dame Clémence, la Vierge du Ciel, on fit une opulente citoyenne de Toulouse. Comme c'était sous l'invocation de Marie qu'on avait placé l'institution , Clémence en devint la fondatrice; on lui laissa la couronne virginale-, et lorsque la