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                      HISTOIRE DE CHARLIEU.                     153
fois il garda avec son château le patronage de l'abbaye, et ils
passèrent l'un et l'autre à ses successeurs les rois de Provence,
d'abord, puis aux rois de France, ensuite.
   On pourra contester l'origine que je donne ici à la puissance
directe des rois de France sur Charlieu ; mais, ce qu'on ne peut
contester, c'est cette puissance même, car on la voit s'exercer de
fort bonne heure sans aucun intermédiaire. M. Desevelinges croit
que ce ne fut qu'à partir de l'acquisition du comté de Mâcon,
par saint Louis, en 1238, que les rois de France exercèrent l'au-
torité à Charlieu; aussi le premier acte qu'il cite d'eux n'est-il
que de 1260. C'est une grave erreur. L'acquisition du comté de
Mâcon ne fut pour rien dans l'affaire, car Charlieu (non plus que
Beaujeu) ne faisait plus partie de ce comté depuis deux siècles,
au moins, lorsque saint Louis l'acheta.
   Dès H 80, nous voyons le roi Philippe-Auguste déclarer, dans
des lettres datées de Bourges, et données à la demande de Théo-
bald, abbé de Cluny, et d'Artaud, prieur de Charlieu, que le mo-
nastère de ce lieu est placé sous sa protection royale, et qu'il
ne pourrait jamais dépendre, que de la couronne : « Monasterium
Cariloci sub nostra nostrorumque successorum in ajvum perdu-
rare defensione concedimus, et regio more nostrœ authoritatis
prœcepto firmamus, ut sub nullius unquam tuitione flectatur nisi
regia (1). »
   Quelques années plus tard , le même prince déclare que ,
« comme la ville de Charlieu est très-utile et nécessaire à lui et à
la couronne de France, il garantit à la communauté (universitati)
tant des nobles que des bourgeois et des autres habitants de
cette ville que ce qu'il y possède ne sortira jamais de la
main du roi, ni ne pourra être détaché de la couronne de France
pour aucun motif; il déclare en outre que tant les nobles que
les bourgeois et autres habitants de Charlieu et de ses dépen-
dances sont inséparablement unis à la couronne de France. »
   Ce document, dont n'a pas parlé M. Desevelinges, est trop im-
portant dans la question et trop court pour que j'hésite à en

  (t) Guichenon, Bibl. Scbus., p. 223.