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382                 DE L'EMPLACEMENT DE LUNNA.

 sont dans un parfait accord sur la distance totale entre les
 deux villes, distance qui est de 45 milles romains, soit 30
lieues gauloises. Hâtons-nous d'ajouter que ce dernier chiffre
est d'une exactitude hors de toute contestation puisqu'il
concorde d'une manière remarquable avec la distance ac-
tuelle, mesurée en kilomètres, entre Lyon et Mâcon. Il n'en
subsiste pas moins entre ces deux documents une différence
tellement tranchée qu'elle n'est point de celles qu'on peut
expliquer par une erreur de chiffres, genre de solution si
souvent employé par D'Anville, mais tout-a-fait inadmissible
dans cette circonstance.
   Avant d'aborder les graves difficultés que soulève cette
question, il nous semble qu'il convient de tracer l'historique
des phases diverses qu'elle a traversées avant d'arriver au
point où nous la voyons aujourd'hui.
   Il fut un temps où, sans tenir compte des dislances, ni
de la position des lieux, une ressemblance, même éloignée,
entre le nom ancien et le nom moderne, suffisait aux sa-
vants de l'époque pour décider, par exemple, que Genabum
se retrouvait dans Gien,5«6r«c«edansBeuvray,iVotito(toiMm
dans Noyon, et YJlesia de Jules César dans Alais, ville des
Cevennes (1). En adoptant cette règle, au lieu de chercher
Lunna sur la route de Lyon à Mâcon, comme le bon sens le
plus vulgaire semblait l'indiquer, on a cru la retrouver dans
Lurcy sur la rive gauche de la Saône, ou dans Lugny, au-
delà de Mâcon. Mais l'opinion la plus généralement adoptée
sur ce point, celle qu'on rencontre dans presque tous les
ouvrages spéciaux, ayant plus d'un siècle d'existence, c'est
que Cluny est l'ancienne Lunna. Josias Simler, historien et
géographe suisse du xvie siècle (2), un de ceux qui ont le

  (l)Millin, Voyage dans le midi de la France, t. I, p. 202,
  (2) Ne h Cappcl, près Zurich, en 1530, mort en 1576.