Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
 300                   LE PÈRE DE LA CHAJZE.
 fendant le duc de Bourgogne. Ce noble prince qui, s'il eût vécu,
 promettait de si beaux jours à la France, fut en butte, de la part
 de Vendôme et d'une partie de la cour, aux plus noires calom-
 nies; on en vint jusqu'à mettre en question le courage du glo-
 rieux vainqueur de Brisach. « Une infernale cabale, dit Saint-
 Simon, la mieux organisée qui fût jamais, effaça ce prince dans
le royaume dont il devait porter la couronne, et dans sa maison
 paternelle, jusqu'à rendre odieux et dangereux d'y dire un mot
 en sa faveur. » Le P. de La Chaize, qui savait parfaitement à quoi
 s'en tenir sur le fond des choses, n'hésita point, au risque de
perdre à tout jamais son crédit, à élever hautement la voix en
faveur du duc de Bourgogne. Instruit des calomnies répandues
 à dessein contre ce prince, il montra courageusement au Roi trop
prévenu, ainsi qu'à plusieurs personnes de la cour, une lettre du
P. Martineau, écrite de Flandres, et dans laquelle les menées de
Vendôme et de ses partisans étaient dévoilées (1). Insensible-
ment, ce nuage se dissipa, et Louis XIV rendit toute sa confiance
et sa tendresse à son digne et vertueux petit-fils.
    Jamais existence ne fut plus occupée que celle du P. de la
Chaize. Au milieu des soins et des occupations sans nombre
qu'exigeaient la feuille des bénéfices, les affaires si compliquées
de l'Eglise de France, l'organisation des missions à l'intérieur et
à l'étranger, sans compter son ministère auprès du Roi et du
Dauphin (2), il avait encore trouvé moyen dé devenir un des plus
savants archéologues du xvne siècle. En 1701, lors de la réorga-
nisation de l'Académie des Inscriptions et belles Lettres, qui jus-
qu'alors avait porté le nom A'Académie des Médailles, le roi le
nomma académicien honoraire. Sa profonde connaissance des
antiquités et surtout de la numismatique, le fit accueillir avec
empressement par ses collègues. Plusieurs savants lui firent la
dédicace de leurs ouvrages (3), et il ne dut assurément cet hon-

  (1 ) Mémoires de Saint-Simon.                            .
  (2) Le confesseur du roi, à cette époque, devait être nécessairement aussi
confesseur du Dauphin.
  (3) On voit, dans la dédicace au P. de La Chaize, de la Description his-