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410                    LITTÉRATURE.

Je comprends donc alors que ta pensée impure,
Fabricant sottement des dieux à ta mesure,
Croie, en masquant sous l'or leurs visages sacrés,
Gagner des protecteurs et des biens assurés,
Et c'est pour obtenir des songes favorables,
Que tu recouvres d'or leurs barbes vénérables.

L'or, puissant séducteur, l'or aux reflets clinquants,
Remplace, de nos jours, l'argile des Toscans,
Les vases de Numa, l'urne de l'eau lustrale
Et la coupe de terre, où buvait la Vestale.
0 mortels, ignorants de ce qui vient du ciel,
Vous transportez nos mœurs, tout autour de l'autel,
Et vous croyez les dieux, habitants de nos temples,
Humblement disposés à suivre nos exemples !

Si le luxe effréné, dans ses raffinements,
Invente chaque jour de nouveaux éléments ;
Pour trouver des filons, s'il va fouiller la terre,
C'est qu'avec l'or au moins il peut se satisfaire;
Mais répondez-moi donc, ô grands prêtres des dieux,
A quoi peut servir l'or au souverain des cieux?
A rien assurément ; pas plus que la poupée,
Qu'offre à Vénus la vierge à l'enfance échappée.

Je vais vous enseigner ce qui peut plaire aux dieux,
Ce que ne peut donner, malgré tous ses ayeux,
L'indigne Messala, sur l'or de ses patères :
L'esprit débarrassé des préjugés vulgaires,
La conscience pure en son secret repli,
Et le cœur généreux qui n'a jamais faibli.
Alors les dieux, contents de la plus simple offrande,
Accueillerout toujours une sainte demande.

                                Paul   SAINT-OLIVE.