Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
314                  HISTOIRE DE CHAKLIEU.

bérations fort tumultueuses, les Montbrisonnais résolurent de
refuser la subvention, sous prétexte qu'elle n'était pas réclamée
par le roi, auquel, du reste, elle n'était pas due.
   Les agents du fisc répondirent à cette fin de non-recevoir par
l'arrestation des quarante principaux habitants, qui furent mis
aux arrêts sous la garde de deux sergents, dans la maison de
Jean Dumas ; puis ils procédèrent à l'enlèvement de quelques
parties du mobilier des récalcitrants. Mais ceux-ci, ayant rompu
les scellés mis sur les portes de la maison qui leur servait de
prison, se retirèrent dans leur domicile. L'un d'eux, appelé Michel
Barbier, prévôt de la ville, à qui on avait enlevé un petit tapis,
alla furieux vers les gens du roi, et leur dit : « Fils à p        ,
r^bauds, vous avez pris tel gage qui vous fera perdre les autres. »
Et son fils Barthélémy, après avoir repris le tapis, frappa rude-
ment un sergent dans la poitrine.
   Ce fut le signal d'un soulèvement général. Tous les habitants
de Montbrison se ruèrent alors sur les pauvres sergents. Ceux-ci
se réfugièrent dans l'auberge où logeaient Jacques d'AIbe et
Etienne de Galinard ; mais ils s'y virent bientôt assiégés. Les
insurgés rompirent les portes de l'écurie, et enlevèrent leurs
chevaux et leurs juments, qui avaient été pris comme gages.
Le châtelain de Charlieu ayant voulu faire quelques repré-
sentations à ces furieux , ils le saisirent par les cheveux, et
le frappèrent cruellement en criant : « Chastelain, à la mort !
tu n'en pues aller ! » Galinard parvint cependant à se dégager
de leurs mains ; mais ils le poursuivirent dans l'auberge
avec des épées et des bâtons, en criant : « Faisons-le brûler ! »
et ils renversèrent sur lui la porte d'une chambre dans laquelle il
s'était réfugié plus mort que vif. Fis ne le tuèrent pourtant pas ;
mais ils jetèrent par la croisée tous les gages qui avaient été pris
parles agents du fisc, ainsi que les propres effets de ces derniers,
qui durent se considérer comme fort heureux de pouvoir se re-
tirer sains et saufs de cette furieuse mêlée.
   Jacques d'AIbe et Etienne de Galinard, ne pouvant obtenir
justice de la part des officiers du comte de Forez, qui avaienl
plus ou moins trempé dans la conjuration, portèrent plainte au