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BE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 303 loi de l'histoire, qui devrait embrasser le commencement, le milieu et la Un? N'est-il pas évident que l'histoire, qui che- mine entre deux mystères, doit être, sous ce rapport et quant a sa finalité providentielle, un mystère elle-même? Mais, si de ce côté la science est impossible, hâtons-nous de déclarer qu'il y a, dans son naufrage, un noble débris au- quel on peut encore s'attacher. Platon, confessant l'infirmité de l'esprit de l'homme, fait dire a Socrate, dans le Phédon: « Il faut pourtant tâcher de « savoir ce qui en est. Et si l'on peut y parvenir, on prcn- « dra parmi les opiniotis humaines la meilleure et celle qui « résiste le mieux, et on s'y établira comme sur un radeau « pour traverser la vie ; à moins qu'on ne trouve à s'embar- quer sur un vaisseau plus solide, sur une parole divine « qui nous conduise en toute sûreté au terme du voyage. » Le vaisseau plus solide ou la parole divine, ce sera, aux yeux du chrétien, la révélation qui, relativement a l'autre vie, nous donnerait, par la doctrine de la rédemption du genre humain, une connaissance suffisante de la loi de l'his- toire. Le radeau ou l'opinion qui résisterait le mieux, ce serait, aux yeux du philosophe, l'idée du progrès social, pourvu qu'on s'entendît bien sur les conditions et les limites. Dans un second mémoire, nous pourrons essayer d'en dis- courir , si celui-ci ne paraît pas à l'Académie trop indigne de ses suffrages et de la bienveillante attention du public. Il ne nous reste qu'à confesser le tort d'avoir entretenu notre auditoire d'un sujet si didactique, quand nous eussions mieux fait de diminuer nos ambitions et de choisir un cadre de discours plus favorable à l'expression des sentiments d'un récipiendaire. Nous nous sommes exposé à manquer de la grâce du remerciement, et pourtant c'est à un bien haut prix que nous mettons l'honneur d'avoir été admis dans cette