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DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE. 287
timent particulier ne tardera pas a percer : l'idée de la per-
fectibilité humaine. Finissons d'un mot : on ne croit h la
perfectibilité indéfinie de l'humanité que parce qu'on ferme
les yeux sur la nature bornée de l'homme.
Les autres systèmes inventés pour rendre raison de la
loi de l'histoire ont une marque plus individuelle et s'iso-
lent de toute classification. Sous ce rapport, brillent au
dessus de toutes les autres les tentatives de Vico et de
Herder, demeurées sans rivales jusqu'aujourd'hui, ou comme
originalité de génie ou comme revue complète du champ de
l'histoire. Les œuvres capitales de ces deux penseurs ré-
clament une étude attentive.
Vico, cherchant le premier une philosophie de l'histoire,
vit que c'était jusqu'au berceau de l'histoire qu'il fallait
remonter. Sur ce berceau s'étendait une nuit profonde : dans
celte nuit, il résolut d'allumer un fanal magnifique. Mécon-
tent des historiens qui, selon lui, avaient totalement manqué
du sentiment des choses antiques, il osa entreprendre de
reconstruire le passé, au moyen de ce qu'il appelle un nouvel
art critique de son invention. Sa méthode consiste a inter-
préter les traditions de l'antiquité par un certain nombre
d'aphorismes qui tirent leur valeur du sens commun ou de
l'observation des tendances de la nature humaine, et il y
joint le secours de la plus subtile etymologie. On dirait une
coupelle de purification où chaque alliage vient déposer son
or, chaque fait son sens primitif, chaque tradition son germe,
chaque fable son linéament de vérité; malheureusement,
c'est par la divination que l'opérateur procède, et la mytho-
logie ainsi traitée nous est donnée comme la plus véridi-
que histoire. OEuvre bizarre, paradoxe étincelant, jeu puis-
sant d'un grand esprit qui s'efforçait de s'élever jusqu'au
génie !
Le système de Vico est fort simple. Toutes les nations