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274                   EXPOSITION DE 1857.
quoique sobre et vraie, y est cependant plus abondante et plus
diffuse que dans les précédents ouvrages du même peintre, et
comme le voisinage des tableaux qui l'entourent lui enlève beau-
coup de son effet, on peut raisonnablement penser que, placée
isolément, elle en produira un plus satisfaisant encore et plus
complet.
   M. Leleux a moins bien réussi dans son autre tableau. Dans
les bois est une sorte d'idylle campagnarde dont la scène a lieu
sous une épaisse feuillée, ce qui donne à l'auteur de cet ouvrage
une occasion toute naturelle de se livrer au goût prononcé qu'il
a pour les effets de demi-teinte et de clair-obscur. Dans cette
dernière toile, M. Leleux nous a paru en avoir un peu libérale-
ment usé ; aussi son tableau est-il obscur et ses fonds pas suffi-
samment terminés. Les Scieurs de long, par M. Hédouin, sont à
peu près imaginés et peints dans le même système, seulement
avec plus d'air et de lumière et une exécution plus avancée.
Néanmoins, et sauf l'abus qu'il est facile et dangereux de faire
de ces sortes d'effets empruntés à la gamme sourde de la cou-
leur, nous préférons de beaucoup les Scieurs de long de M. Hé-
douin au Repas interrompu deM. Jacquand. Ces éternels brigands
des Apennins ou des Abruzzes, avec leurs haillons pittoresques
et leurs visages couleur de briques, sont à peu près aussi usés
dans les arts que leur camarade Fra-Diavolo dans l'opéra-corni-
que. Il faudrait plus de talent que M. Jacquand n'en a mis dans
son tableau pour faire supporter ce vieux thème qu'il a repré-
senté avec un effet de tons criards, et un abus de couleur jaune
qui n'est assurément guère propre à le rajeunir. Que M. Jac-
quand nous fasse des moines comme ceux qu'il a peints dans le
Message du pape, et nous applaudirons sincèrement aux efforts
d'un talent qui semble avoir dit depuis longtemps son dernier
mot, mais qui ne manque pourtant pas d'un certain attrait et de
quelque valeur. Le même reproche de banalité peut être adressé
avec plus de justice encore aux Pifferari par M. Boissard de
Boisdenier. Peut-être sont-ils vrais, mais à coup sûr ils ne plai-
 sent ni n'intéressent d'aucune façon.

  M. Portaëls, une des célébrités de l'école belge, a exposé un