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228 DE LA PHILOSOPHIE DE 1,'HISTOIRE. dont a eu à s'occuper l'histoire. Tel est son meilleur con- tenu. La critique peut se dispenser d'insister sur ses défauts trop manifestes : l'illégitimité d'une donnée première prise dans des temps anté-historiques pour expliquer l'histoire et des élucubrations, qui ne sauraient avoir rien de commun avec la science, sur la manière dont l'humanité poursuit sa régénération. Nous arrivons, de tous ces usages aventureux de la doc- trine chrétienne, à des écrivains sacrés qui ont eu mis- sion pour appliquer le christianisme à l'histoire. Ce sont eux qui vont décider souverainement si de ce côté l'histoire peut fonder sa philosophie et nous donner, avec l'autorité d'une science, sa loi. Nous voulons parler de la Cité de Dieu de saint Augustin et du Discours .sur l'histoire universelle de Bossuet. Magnifique station que celle que fait saint Augustin, quand il a déroulé toute la chaîne des temps jusqu'à lui et qu'il terme son livre. Elle est tout autre que celle de Bossuet, qui s'arrête a Charlemagne, peut-être dans l'embarras d'aller plus loin en continuant l'unité de son œuvre. Suivant toute probabilité, la seconde partie du Discours sur l'histoire uni- verselle ne se fera jamais. Quand saint Augustin écrit et qu'il mesure du regard l'histoire tout entière, Rome vient d'être prise d'assaut et pillée par les Wisigoths d'Alaric. Quel moment pour peindre la cité du ciel que celui où s'é- croule, sous les pierres que la main des barbares fait rouler de ses monuments, cette grande et altière cité de la terre, qui avait voulu s'étendre à tout l'univers connu. Romains dégénérés ! fils indignes et avilis de la civilisation antique ! pour vaincre Alaric, ils ont été chercher des devins d'Etru- rie. Ils n'ont su se défendre qu'en lançant, du haut du mole d'Adrien, des statues sur les Goths. Dans des plaintes, lâche consolation de leur défaite, ne murmuraient-ils pas que le