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2d8 L'ACADÉMIE DE LYON que soit ce mémoire n° 15, assez maltraité par le rappor- teur Vasselier, il fait honneur a l'âme généreuse et ardente du jeune Bonaparte ; déjà on y découvre un germe, pour ainsi dire, des idées Napoléoniennes. C'est un des rares et curieux monuments de cette période peu connue de sept années, a partir de l'école militaire jusqu'au siège de Toulon, pendant laquelle, dans d'obcures garnisons, s'est formé ce génie extraordinaire qui bientôt allait dominer la France et le monde. Je ne veux pas faire ici l'analyse de ce mémoire ; mais comment ne pas louer le jeune Bonaparte d'avoir élevé si haut les plaisirs de l'esprit et du cœur au-dessus des plaisirs des sens, alors que tant de philosophes affectaient de les confondre ? « C'est, dit-il, dans leur entier développement que consiste vraiment le bonheur. Sentir et raisonner, voila proprement le fait de l'homme, voila ses titres à la suprématie qu'il a acquise, qu'il conserve et qu'il conservera toujours. Le sen- timent nous révolte contre la gêne, nous rend amis du beau, du juste, ennemis de l'oppresseur et du méchant. C'est dans le sentiment que git la conscience, dès lors la moralité. Malheur a celui à qui ces vérités ne sont pas démontrées, il ne connaît des plaisirs que les jouissances des sens ! (1) » Dans le style trop souvent déclamatoire de cette composi- (1) On peut rapprocher ce passage d'un fragment qui appartient à cette même période de la vie de Bonaparte, cité par M. Libri ^ Souvenirs de la jeunesse de Napoléon, Revue des deux Mondes, 1842), et intitulé : Mes ré- flexions sur l'état de nature à propos du discours de Rousseau sur l'inégalité. « Sentir, c'est le besoin du cœur, comme manger est celui du corps ; sentir c'est s'attacher, c'est aimer ; l'homme dut connaître la pitié, l'amitié et l'amour, dès-lors la reconnaissance, la vénération, le respect, etc. » Dans l'analyse, ou plutôt dans la critique qu'il fait de ce mémoire (I, 144), M. Dumas ne me paraît pas avoir suffisamment tenu compte de cette dis- tinction si fortement marquée.