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208 L'ACADÉMIE DE LYON Newton ; il étudiait les rapports des langues les unes avec les autres et avec l'esprit humain. Son fils Joseph Mathon de la Cour fut digne de lui. Il est l'auteur d'un mémoire sur la législation de Lycurgue , couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de divers écrils sur les beaux- arts et sur des questions d'utilité et de bienfaisance publi- que. Il fonda quelques cours publics pour les sciences et les lettres, a l'imitation de l'Athénée de Paris ; il aidait de ses conseils et de sa bourse les jeunes gens qui mon- traient des dispositions pour le dessin. Mais s'il aimait les lettres et les arts, il aimait mieux encore l'humanité. Il donna la plus grande partie de son temps et de sa fortune à des institutions philanthropiques où se montraient la jus- tesse et la portée de ses vues sur l'assistance publique, en même temps que la générosité de son cœur. Après le siège, ce bienfaiteur du peuple périt sur l'échafaud ; il fut une des plus nobles victimes dont l'Académie de Lyon devait payer le sanglant tribut a la Terreur. Dirai-je maintenant combien l'Académie était grande et honorée dans la cité? Les gouverneurs, les archevêques, les intendants se disputaient l'honneur de lui appartenir et de la protéger, lui prodiguant, pour ainsi dire à l'envi, les marques de leur considération et de leur munificence. Quoi- que composé en général de marchands, le Consulat n'était pas moins généreux pour l'Académie ; il lui donnait par an une bourse de six cents jetons, dotation supérieure a celle qu'elle reçoit aujourd'hui ; il faisait une pension au P. Co- lonia comme il en avait fait une au P. Menestrier; il excep- tait un grand poète , seul entre tous , de la rigueur de ses décrets financiers. L'Académie mettait-elle au concours quel- que question d'utilité publique, il doublait généreusement la somme réservée au vainqueur. Ces marchands d'autrefois savaient au besoin être des Mécènes.