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LE MONT-CASSIN. Les souvenirs du voyageur sont comme les cîmes les plus élevées d'une longue chaîne de montagnes ou les fleurs les plus éclatantes d'un parterre : on considère plus particuliè- rement les unes, on cueille les autres de préférence. D'ailleurs les guides sont la pour combler les lacunes. Quittons donc les pieuses régions du Colysée, de Saint-Pierre, du Vatican et des Catacombes. Montons au Capitule, Castor et Pollux me laissent gravir les marches-qui y conduisent sans me demander le mot d'or- dre. Il est beau de traiter ainsi un descendant des Gaulois. En arrivant sur la plate forme, trois palais, œuvres de Michel-Ange, une belle statue équestre de Marc-Aurèle, frappent votre vue : « Que les temps sont changés ! » Au nord s'élevait jadis l'Arx de Romulus, au midi la roche Tarpéienne, aujourd'hui un bon bourgeois de Rome plante des laitues sur son sommet considérablement rapproché du niveau du sol. Sur cet emplacement, berceau du peuple roi furent érigés les temples de Junon Noneta, de Jupiter Praetador, Soter et Feretrius. A l'aide d'un substantiel renfort d'historiens poudreux, on pourrait renouveler les incomparables récits de Schéhérazad, sans risquer d'avoir la tête tranchée par les ordres d'un sultan. A votre droite le musée des statues antiques. Entrons de ce côté. « Dans la Grande salle. » Harpocrate, Dieu du silence vous fait signe de vous taire , Innocent X, une Cérès, une Hygie, une Minerve, une vieille pleureuse ont l'air fort étonné de se trouver réunis. L'Empereur Adrien nu