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2i4                            HISTOIRE

   Nous arrivons à l'histoire de la vie solitaire, et M. Collorabet
l'a traitée avec tant de soin qu'elle est devenue une portion fort im-
portante de son nouvel-ouvrage. Dès les premiers siècles de l'Eglise,
les paroles que prononça plus tard saint François de Sales, à l'occa-
sion des ordres Religieux.se seraient trouvées justes : « L'Eglise est
un jardin diapré de fleurs infinies, il y enfante donc de diverses
odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Toutes ont leur
prix, leur grâce et leur esprit, et toutes, en l'assemblée de leurs
variétés, font une très agréable perfection de beauté. » A l'exemple
du Précurseur de Jésus, plusieurs nouveaux convertis au christia-
nisme, se retirèrent d'abord à l'écart du monde pour que rien ne
vînt interrompre leur continuel colloque avec le ciel : les persécu-
tions contribuèrent aussi à peupler les solitudes ; et lorsqu'ils avaient
entendu la grande voix de Dieu qui parle au désert, rien ne pouvait
décider les chrétiens à rentrer dans la vie du siècle. On s'accorde à
reconnaître comme père des Anachorètes, Paul de Thèbes, dont
saint Jérôme nous a dit la touchante et poétique histoire. Un peu
plus lard, saint Antoine institua, ou du moins, affermit les commu-
nautés religieuses, ces pépinières de mâles vertus et de saintes
âmes. Saint Athanase nous a dépeint Antoine et ses luttes, et celte
simplicité primitive qui par son éloquente rectitude confondait les
sages du monde. Possesseur d'un riche patrimoine, Antoine se dé-
pouille de tout au profit des pauvres. II s'enfonce dans la solitude,
dompte son corps par le jeûne, par le travail, par la prière, par une
contemplation soutenue. Cependant le bruit de sa sainteté lui atti-
rant des disciples qui le nommaient leur père, il les adopta pour
ses fils, et les guidait par ses conseils : «... En regardant le monde,
leur disait-il, n'allons pas croire que nous ayons renoncé à de grandes
choses. La terre tout entière est bien étroite en comparaison du
ciel tout entier. Celui donc qui abandonne quelques mesures de terre
n'abandonne presque rien : et laissât-il une riche maison,un or abon-
dant, il ne doit pas s'en glorifier, ni se relâcher pour cela. D'ail-
leurs, il nous faut songer que si nous n'abandonnons pas ces choses
par vertu, nous les quitterons enfin par la mort, et souvent les
laisserons à qui nous ne voudrons pas, comme nous en avertit
' Ecclésiaste. Que nul de nous ne se laisse donc prendre au désir