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                     BULLETIN   THÉÂTRAL.                  311
tinction, jolie figure et jolie voix, cette artiste réunit tout
ce que réclame depuis longtemps notre seconde scène. Espé-
rons que notre directeur comprendra ses intérêts et les nô-
tres en nous procurant quelquefois le plaisir d'applaudir
Madame Fleury, avant qu'elle ne fasse décidément partie
de notre troupe.
   Le Diable à Lyon termine cette série de surprises. Le
Diable à Lyon, composé exprès pour notre ville, a pour heu-
reux auteur un de nos compatriotes, dont le nom s'est fail
avantageusement connaître sur quelques-uns des théâtres de
Paris. M. Eugène Cormon n'a jamais cru avoir fait une œu-
vre littéraire, et y chercher de pareilles prétentions, comme
l'ont fait quelques-uns de nos grands journaux, c'est vou-
loir juger la Grâce de Dieu au même point de vue que
les Burgraves. Prenons donc le Diable à Lyon pour ce qu'il
est, un drame destiné â mettre en relief, dans une action
vive et attachante, la plupart des talents que renferme la
troupe des Célestins. Si l'on joint à ces éléments de succès
une habile mise en scène due à M. Lefebvre et de beaux
décors qui représentent des vues de la localité et que recom-
mande le nom de M. Savelte, on comprendra pourquoi la
foule est acquise à cette œuvre pour de nombreuses repré-
sentations. Ambroise y déploie un talent souple et varié,
et mérite une bonne part du succès ; M me Wable et M"e Léo-
nie Darmont sont, on ne peut mieux, placées dans leurs
rôles. Mme Buycet et MM. Lambert et Poirier complettent par
la franchise et la gaîlé de leur jeu un ensemble que nous
envierait plus d'un théâtre de Paris.
   Nous aurions vu avec plaisir que M. Cormon se fût ap-
pliqué, dans l'intérêt de la classe ouvrière, à donner à son
œuvre une portée civilisatrice et morale. Car la scène, alors
qu'elle attire les masses, peut avoir de salutaires enseigne-
ments et une grande influence. Ce serait là une haute mis-
sion pour un auteur, et nous sommes étonné que nul ne
songe à la prendre. Que M. Eugène Cormon l'essaye donc
un jour sur notre population ouvrière !
                                            L. B.