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428                 DISCOURS D'OUVERTURE

faire en sorte par la méthode qu'il y garderait, qu'en voyant
les parallèles de l'un et de l'autre , ceux qui n'auraient pas
encore appris la philosophie de l'école l'apprendraient beau-
coup plus facilement de son livre que de leurs maîtres et
qu'en même temps ils apprendraient à la mépriser et que les
moins habiles entre les maîtres seraient capables d'enseigner
la science par ce seul livre. » Dans ses œuvres posthumes on
 trouve le commencement d'un dialogue dont les personnages
sont Epislémon , Polyandre et Eudoxe, où il avait commencé
avec succès à exposer sous une forme populaire les idées con-
tenues dans les premières pages du discours de la méthode.
Enfin, dans le même but, Descartes a changé la langue de la
philosophie; à la langue des savants, à la langue de quel-
ques uns, il a substitué la langue vulgaire, la langue de
 tout le monde. Car il a écrit ou fait traduire en français tous
 ses ouvrages de philosophie, afin de s'adresser à tous ceux
 qui se servent de leur raison naturelle toute pure , comme il
 le dit lui-môme à la fin du discours de la méthode : « Et si
j'écris en Français qui est la langue de mon pays plutôt qu'en
 latin qui est celle de mes précepteurs , c'est à cause que j'es-
 père que ceux qui se serviront de leur raison naturelle toute
 pure, jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne
 croient qu'aux livres anciens, et pour ceux qui joignent le bon
 sens avec l'étude , lesquels je souhaite pour mes juges, ils
 ne seront pas, je m'assure, si partiaux pour le latin qu'ils
 refusent d'entendre nos raisons parceque je les écris en langue
 vulgaire. »
   Gomme Descartes, Leibnitz a pensé que la philosophie
pouvait être accessible à tous. Comme Descartes il s'est ef-
forcé de parler une langue qui pût être comprise de tous et
comme Descartes il y a réussi. Cette clarté continue , cette
attention constante à éviter tous les termes techniques , n'est
pas quelque chose de fortuit chez Leibnitz , mais le résulta1