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                         DK SAINT JÉRÔME.                           245
 de posséder. Quel bénéfice y a-t-il à acquérir ce que nous n'empor-
 terons pas avec nous? Pourquoi n'acquérons-nous pas plutôt ce que
 nous pourrons emporter, à savoir : la prudence, la justice, la tem-
 pérance, la force, l'intelligence, la charité, l'amour des pauvres, la
 foi en Jésus-Christ, la douceur et l'hospitalité? Si nous acquérons
 ces biens, nous les trouverons là haut qui nous feront hospitalité
 dans la terre des hommes de mansuétude. Donc, mes enfants, pour
 que nous ne tombions pas dans la négligence, méditons cette parole
 de l'Apôtre : Je meurs chaque jour. Car si nous vivons comme mou -
 rant chaque jour, c'est-à-dire, comme si nous croyions ne pas vivre
jusqu'au soir, nous ne pécherons pas, nous ne désirerons rien,
nous ne nous irriterons contre personne, nous serons pauvres, et
nous pardonnerons (oui à tous... »   •
   M. Collombet fait visiter au lecteur la solitude de Chalcis, illus-
trée par saint Jérôme, les moines de Scétis, de Nitrie, de Tabenne
dans la haute Thébaïde, les monastères d'hommes et le monastère
de femmes dirigé à Jérusalem par Marcella, d'après les conseils
de l'historien de Paul. Quel merveilleux spectacle offraient ces ré-
publiques des enfants de Dieu, se réunissant par milliers dans le
désert, sans autre loi que l'amour divin, sans autre lien qu'une
ardente charité chrétienne, sans autre ambition que la commune
conquête du ciel ! Tous ces frères en Jésus pratiquaient toutes les
vertus, et chacun brillait par l'une d'elles plus perfectionnée. Là,
les grands repeDtirs, les désillusions, la vraie science, la contempla-
tion sublime dans son vol et dans ses effets visibles trouvaient un
asile. Sur la montagne de Nitrie, par exemple, s'étendait une vaste
solitude où demeuraient cinq mille hommes, travaillant et priant,
souvent réunis en grand nombre ; il y avait ensuite çà et là des
anachoretcs.au nombre de six cents. Parmi eux figurait avec bien
d'autres hommes, gloire de la science, saint Arsène, ancien précep-
teur du fils de Théodose qui, possédant les secrets de la philosophie
grecque, refusait les honneurs de la cour impériale, pour ne pra-
tiquer que les maximes chrétiennes dans toute leur pureté.
   L'abbé Paphnuce avait sa cellule à cinq milles de l'église, et lors-
qu'il eût passé quatre-vingt-dix ans, il ne cessa jamais d'y retourner,
sans remporter sur sa tête la cruche d'eau qu'il lui fallait pour la se-