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                         L'ULTRAMONTANISME.                            151
préoccupés qui puissent voir là un retour à l'art du moyen-âge.
Dans leur supériorité idéale sur les types de l'ancienne poésie,
René et Jocelyn ne sont pas beaucoup plus catholiques qu'Achille et
Mithridate.
   Dans le monde civil, la Révolution française est venue apporter
une idée et une répartition plus juste des droits de chacun, elle
a ouvert l'ère de la fraternité universelle, elle a créé un idéal
tout nouveau de société. Quelle part l'Eglise a-t-elle pris à ce
mouvement ? A moins que l'on ne veuille soutenir que le clergé
et la papauté aient favorisé la révolution ? L'Etat moderne, la
loi moderne n'ont donc point de racines dans l'Eglise; ils tirent
leur vie d'ailleurs, ils ont une existence qui leur est propre, ils se
sont passés du concours de l'Eglise pour naître, ils s'en passent
pour vivre. Est-ce à dire que Dieu soit en dehors de la société
civile, qu'il soit renié par la loi et par l'Etat, que le sentiment reli-
gieux n'existe pas dans le cœur du citoyen, en un mot, que la loi
soit athée, que la France en tant que France soit athée ! Nous savons
avec quel empressement les ennemis du nouvel ordre civil se sont
emparés de cette parole tombée de la bouche d'un avocat, et répé-
tée par les organes les plus rétrogrades du vieux libéralisme. Il
était clair que jamais la France, la religieuse France n'accepterait
le nom d'athée; dire que les codes nouveaux, que les chartes nou-
velles, que ces produits de la révolution française sont athées, c'est
exhorter chacun à y renoncer, à les proscrire avec horreur. Mais
voyons ce qu'il en est sérieusement de ce prétendu athéisme de la loi
moderne.
    « Quand, dans la vieille France, la violence était dans les mœurs
et dans la loi, quand le privilège, les inégalités sociales, les servitudes
de la terre et des hommes, abrégeons, quand tout ce que le Christ
réprouve faisait le fond même de la vie civile, vous appeliez cela un
royaume chrétien ! Quand la force régnait à la place de l'ame, quand
l'épée décidait de tout, quand l'inquisition, la Saint-Barhelemy, la
torture emprunta du droit payen le caprice d'un seul homme, c'est-
à-dire quand la société payenno durait, dominait encore, vous appe-
liez cela un royaume très chrétien ! Et depuis, au contraire, que la
fraternité, l'égalité, inscrites dans la loi, tendent do plus en plus Ã