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CHARLES NODIER. 69 partie de l'invention elle-même, mais il faut bien indiquer leur origine pour apprécier justement la part de gloire et les mérites de l'auteur. Nous n'entreprendrons point une appré- ciation détaillée de ces créations impalpables qui échappent à l'analyse,mais nous avouerons tout d'abord une préférence pour la Fée aux miettes. 11 y a là dedans un mélange de bon sens et de fine ironie, de délicatesse et de finesse, de sensi- bilité et d'ingéniosité, de grâce et d'esprit, où je trouve Char- les Nodier tout entier. Nous parlons de Charles Nodier écrivain et plutôt de ce qu'il devait être que de ce qu'il a été : car celte nature mobile a mille aspects. On dirait que chaque impression nouvelle ne le modifie pas seulement, mais le transforme. Ainsi, après avoir reflété tour à tour dans ses livres quelque chose de deux génies étrangers si opposés, qu'il s'avise plus tard, de se r e - tourner du côté des événements politiques, où s'écoula sa jeu- nesse, qu'il écrive ses Souvenirs de la Révolution, vous le verrez, cédant à des influences de parti, abandonné a ses sensations romanesques, créer une histoire de fantaisie, où les événements prendront un aspect inaccoutumé qui ne vous permettra plus de les reconnaître. Ces pages sont bonnes à lire, comme témoignage des émotions" d'un écrivain, où plu- tôt comme réminiscences d'un homme de parti qui voit les événements contemporains de son adolescence à travers les opinions de son âge mûr, mais si on cherchait dans ces Sou- venirs un document nouveau à ajouter à ceux fournis par les mémoires et les histoires du temps, on pourrait penser que lorsque l'aimable auteur de Séraphine se souvient, il oublie. Il a vu les hommes dont la mission fut de renouveler de fond en comble la France décrépite du moyen-âge avec un mépris aveugle, ou une sorte d'effroi enfantin plus dramatique que réel. Il n'y a qu'un portrait qui puisse se mettre a côlé de l'image où il a représenté saint Just, c'est celui créé par