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100                  TABLEAU ET SAC DE ROME.

 soutien des grandes "villes et des empires (1). Il y avait
longtemps qu'on ne songeait plus à relever par des
colonies les pays ruinés par le luxe ou par la guerre.
D'ailleurs, si des impôts écrasants, si des extorsions
fréquentes venaient décourager l'homme de la glèbe;
si la cupidité des favoris et des ministres rendait trop
incertaine et trop variable la propriété des biens, ce
n'étaient pas des soldats vieillis dans la licence et
la rapine qui pouvaient relever l'agriculture de son
discrédit et de sa décadence. Le terrain cultivable
passa donc aux mains de quelques riches, et spéciale-
ment des seigneurs romains, qui le faisaient travailler
par leurs esclaves. Encore, ces tristes laboureurs ne tar-
dèrent-ils pas à manquer, surtout lorsque les provinces
orientales et les Gaules commencèrent à se donner ou
à reconnaître des maîtres particuliers. Le peu de captifs
que l'on amenait des pays lointains fut destiné bientôt
non plus aux rudes travaux des champs, mais au luxe,
au faste, et aux ignobles plaisirs des conquérants.
   L'empereur Aurélien avait songé à établir, sur di-
vers points de la Toscane et de la Ligurie, quelques
familles d'esclaves Barbares, et à faire planter dans les
endroits montueux des vignes dont le revenu aurait
été tout entier pour le peuple romain ; mais ce prince
n'eut pas le temps ou le pouvoir d'accomplir son pro-
jet (2). En 370, Valentinien Ier assigna les pays voi-
sins du Pô à quelques Barbares faits prisonniers dans
la guerre de Germanie; mais ces tentatives restèrent à

  (i) S. Ambros. de Offic. u, 16.
  (2) Vopiscus, in Aureliano, cap, 47-48.