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18 D'UNE BIBLIOTHÈQUE qui s'appelaient de Montfaucon, Petau, Sirmond, Martene, d'Achery, Massuet, Garnier, Ros-Weyde, etc. ; mais, à coup sûr, pendant que leur tête se blanchissait sur un labeur ef- frayant pour notre légèreté, ils n'avaient pas le loisir de construire des théories, de bâtir des systèmes et de battre des mains devant leur édifice. Notre siècle aurait besoin d'ap- prendre d'eux la modestie, et de savoir ce que valaient ces nobles intelligences, à qui nous devons de si précieuses édi- tions des écrivains ecclésiastiques. Sans vouloir nier la passion littéraire qui tourmente notre siècle, ne serait-il pas permis de dire que la disparution des Sociétés religieuses qui firent des prodiges pour la science, a laissé un vide que le laïcisme ne remplira jamais? 11 est des travaux qui veulent des esprits plus recueillis que ne peu- vent l'être des hommes emportés par le tourbillon des affaires, et distraits par les exigences du monde. Un académicien aura de la peine à remplir la lâche d'un Bénédictin ; celui-ci s'ai- dera de celui-là , mais l'un va bien à côté de l'autre. Quoiqu'on ait fait beaucoup aux siècles passés, il reste beaucoup à faire pour l'utilité des lettres chrétiennes. Il reste des travaux qui ne mènent ni à la gloire bruyante et immé- diate, ni aux bénéfices pécuniaires, deux inconvénients que ce temps-ci ne se hasardera guère à braver pour l'amour seul de l'étude. On veut arriver à un résultat qui se traduise en avantages saisissables, et ne se fasse point trop attendre. Or, un article de Revue et un roman seront h peu près sûrs de primer la plus utile édition d'un auteur ancien. Je croirai toujours que le clergé et les amis des lettres chré- tiennes pourraient beaucoup pour remédier à ce mal, s'ils arrivaient à se concerter et à s'entendre; on agirait sur divers que chose d'approchant, à l'occasion d'une compilation d'un helléniste qui devait sourire de pilié, en face des éloges maladroits qu'on lui donnait ainsi.