Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                           PIERRE DUPONT                             375
réaliser l'hommage de Lyon à son illustre enfant, et aborde
enfin la vie de Pierre Dupont, ses jours de souffrance et de
gloire.
   Le buste de Pierre Dupont, empreint de douceur et de tristesse, cou-
ronne une stèle simplement taillée. Tout auprès, se dresse une chaste
forme, celle d'une vierge, presque enfant encore. Est-ce une nymphe
échappée des Géorgiques, quelque fille' de Virgile venant adorer un
Terme propice ? Est-ce plutôt une humble paysanne des coteaux voisins ?
Elle a cueilli la gerbe qu'elle presse sur son sein dans la simple flore
du terroir, feuilles de chêne et de mûrier, marguerites, myosotis et
lauriers-roses. A celui dont les chants l'ont émue elle apporte en
offrande une âme aussi fraîche que ses fleurs, et ses tendres pensées
montent vers lui, comme les parfums d'un sacrifice, parmi toutes les
senteurs de son bouquet. Voici encore un chevreau bondissant, qui se
grise aux pampres. Au pied de la stèle, un petit pâtre, beau comme un
jeune dieu, souffle dans ses pipeaux rustiques l'hymne éternel de l'in-
nocence et de la joie. Sur le socle, s'enroule une frise bucolique, où
défilent en humbles symboles les saintes bêtes du travail. Beauté pure,
instinct farouche, candeur joyeuse, éternel labeur, le tout voilé de
mélancolie, n'est-ce pas, Messieurs, le génie même de votre poète ?
Pour l'avoir si bien pénétré, le sculpteur a dû écouter surtout la meil-
leure et la plus sûre des inspiratrices, la profonde voix du cœur. Il peut
vous remettre son Å“uvre avec orgueil et avec confiance. Vous saurez
en goûter tout le charme, vous en serez les gardiens fidèles. Pour lui
donner un cadre digne d'elle, il vous a plu d'élire ce beau lieu. De
l'antique jardin des Chartreux, Pierre Dupont, dans une attitude
immortelle, contemplera la colline mystique de Fourvière, le cours
voluptueux de la Saône, tout le décor de son enfance buissonnière, tout
l'espace enchanté dont la nostalgie obsédait son cœur. La piété de ses
compatriotes le rend à la cité nourricière.
                        Lyon, républicaine,
                        Au nom fier et puissant,
                              Chrétienne,
                              Humaine,
                         Gauloise par le sang,
à l'immense ville de travail et de rêve qu'il a exaltée de tout son génie
et chérie de tout son amour.