page suivante »
268 PIERRE PUVIS DE CHAVANNES partie, pour Puvis de Chavannes, on peut dire qu'il est plus lyonnais que Meissonier. Pierre-Cécile Puvis de Chavannes est né à Lyon, le 14 décembre 1824, rue des Deux-Angles (1), dans le quartier Saint-Clair. La famille Puvis étant originaire de Cuiseaux (Saône-et-Loire), le meilleur des biographes (2) du grand artiste le déclare bourguignon de race et de tem- pérament ; sans le contredire l'on ne doit pas oublier que sa mère et sa grand'mère paternelle étaient lyonnaises ; or l'on sait combien l'âme des mères se reflète dans celle des fils. C'est sur les « rives brumeuses du Rhône » que Puvis de Chavannes a passé sa jeunesse ; les premiers paysages familiers laissant d'ineffaçables et latents souvenirs furent, pour lui, les saulaies d'Oullins, les grandes prairies du vallon de Beaunant, et les molles collines du Lyonnais perdant formes et contours dans l'horizon voilé. Il revien- dra plus tard au bord du fleuve, retrouvant avec émotion l'endroit où, jeune élève du Lycée de Lyon, il faisait des séries de ricochets (3). (1) Devenue rue Victor-Arnaud et actuellement rue d'Alsace. (2) Marius Vachon, Puvis de Chavannes, Paris, 1895. Nous avons emprunté beaucoup à cet excellent ouvrage écrit du vivant du peintre et qu'il n'a pas désavoué. (3) Dans une lettre de la fin de sa vie, il en reparle encore : « Je pense souvent à notre grand Rhône, — que de fois j'aurais pris le train pour aller me retremper un peu dans les grands horizons ! Mais c'est un rêve, comme tant d'autres. Ils vous arrivent au moment où l'on ne tardera pas à s'endormir pour toujours. Alors on pense à une tirelire où l'on aurait dû mettre tous les jours perdus dans la vie, on la casse- rait au moment de disparaître et de tous les jours bêtement sacrifiés on pourrait faire quelque chose. »