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               CHRONIQUE DE FEVRIER 1 8 9 9                2?5

élevé chez les Dominicains d'Oullins et avait songé tout
d'abord à en prendre l'habit, quand le Père Lacordaire l'en
dissuada heureusement.
   Il semble en effet que cet esprit primesautier, plus porté au
pamphlet, à la satire, qu'à l'obéissance passive et au recueille-
ment, eût été bien à l'étroit sous la robe blanche des fils d'e'^
saint Dominique. Arthur de Gravillon avait une façon toute;
particulière d'admirer le Créateur dans la créature et son •
mysticisme païen, tout empreint des beautés de l'art antique,
se fût mal plié aux exigences d'une règle monastique.
   On sait quel toile soulevèrent plusieurs de ses satires;
n'est-ce pas son pamphlet sur les Dévotes qui obligea le
substitut du procureur impérial de Gex, trop frondeur, a-
donner sa démission pour se consacrer définitivement aux
lettres et aux arts, en toute indépendance.
   Nos musées s'honorent de plusieurs oeuvres de haut style
dues au ciseau d'Arthur de Gravillon : Peau d'Ane, le
Semeur, la Vestale. Il était riche et se plaisait à offrir géné-
reusement son Å“uvre, quand il la comprenait dans son
cadre au point rêvé; c'est ainsi qu'il offrait le Sacré-Cœur
de l'église d'Ecully, la statue de Divitiac à Autun, le monu-
ment de Claude Bernard à Saint-Julien-sur-Villefranche.
   C'est une figure lyonnaise étrange qui disparaît, complexe,
faite de grandes qualités et de mesquines rancunes, de
généreux élans et parfois d'étroites vues, qui laissera dans le
monde des Lettres et des Arts de vifs regrets et un durable
souvenir.
    Le 9 février, s'éteint Mme René de Prandières.
    Le 11 février, nous perdons M. Charles de Longchamp,
fils d'un conseiller à la Cour royale de Lyon, dont la carrière
fut brisée par la Révolution de 1830. Son grand-père était
officier au régiment d'Auvergne et chevalier de Saint-Louis..